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Carthage, second chapitre.

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Message par Lucy Austen Mar 28 Mar - 19:10

L'affrontement entre Carthage et Rome : les guerres puniques.

I- La première guerre punique (-264 ; -241) : "la guerre de Sicile et des îles"
1. Les raisons d'un conflit
a. Rome et Carthage, deux métropoles face à face en Méditerranée.

Yann Le Bohec compare ces conflits à la guerre de Cent Ans entre la France et l'Angleterre : les deux sont composées de trois tranches de guerre séparées par des périodes de trêve. Il parle aussi d'"affrontement entre l'Europe et l'Afrique". Ce sont deux systèmes politiques, deux systèmes de civilisation qui s'affrontent. Si l'on étudie l'Antiquité d'un point de vue géopolitique (= étude des rapports de force entre les Etats), le détroit de Messine est un point nodal, entre l'Italie du sud et la Sicile.

Pour Rome comme pour Carthage, la présence en Italie du sud, en Sardaigne, mais surtout en Sicile est primordiale. Que signifie être puissante en Sicile, pour Carthage ?
Carthage entretient des relations difficiles avec Syracuse : sa position en Sicile n'est jamais acquise, toujours à défendre. Elle tente de les pacifier, de préserver de bonnes relations, en passant des traités avec Syracuse (pactomanie), comme elle passait des traités avec Rome. C'est une thalassocratie qui n'est puissante qu'en défendant ses routes commerciales.
-373 : traité de paix fondamental. On délimite la frontière du domaine carthaginois en Sicile au fleuve Halycos. Carthage possède un bon tiers de l'île. Cette partie carthaginoise, qu'elle contrôle politiquement, économiquement, administrativement, est une épicratie et sera le sujet de la plupart des conflits. Des enjeux militaires, mais également économiques (domaines agricoles). La Sicile prend peu à peu le chemin de la Sardaigne. Présence de Carthage avec des colons. A partir de la deuxième moitié du -IVème siècle, elle entend imposer sa présence. Ailleurs, en Sardaigne, sur le littoral africain, les fortifications augmentent à cette époque. Affirmation de la présence outre-mer.
Elle n'a pas l'intention de posséder toute la Sicile : son domaine jusqu'au fleuve Halycos lui suffit. Elle ne veut pas d'un grand domaine terrestre, d'un impérialisme territorial vaste comme Alexandre le Grand. Elle est une "hégémonie atypique" (Kamel Melliti), elle veut assurer son déploiement maritime.
Les tyrans de Syracuse remettent continuellement en question le traité de -373. Timoléon, au milieu du -IVème siècle, cause les défaites de Carthage en -342 (Léontium) et -340 (Crimisos). Nouveau traité en -338, qui reprend les termes de celui de -373.
Ces convoitises font intervenir d'autres acteurs, notamment Rome. Celle-ci étend son domaine vers l'Italie du sud, après la conquête du Latium et la victoire sur les Etrusques.

Alexandre le Grand (-356 ; -323) a fait la conquête d'un empire étendu jusqu'en Afghanistan en 33 ans. Il a réellement empiété sur l'Afrique, en Egypte. Alexandre le Grand aurait menacé Carthage d'une expansion vers l'ouest, sur le rivage de Tunis. La zone de Sicile est intéressante pour tous les hommes politiques qui veulent faire jouer l'imitatio Alexandri, se distinguer par une capacité d'extension maximale.
Carthage comme Rome sont menacées l'une comme l'autre par la réussite d'un projet d'imitatio Alexandri. Ce danger, cette menace hellénistique, provoque une alliance de circonstances. Le traité de -306, par exemple, redéfinit les zones d'exclusion, mais préserve également des relations pacifiques à un moment où un danger peut les menacer toutes les deux. Elles tracent un axe romano-punique à un moment où la menace d'un axe hellénistique se profile. Tout le bassin méditerranéen est inclus dans les tensions Rome-Carthage.
Agathocle est un de ceux qui prévoient d'imiter Alexandre. C'est un petit phénomène. Après le conflit contre Agathocle, Carthage prend pied sur les îles Lipari. Elle obtient un balcon sur le détroit de Messine.
Pyrrhus Ier (-318 ; -272), est porteur d'un projet d'imitatio Alexandri, il ambitionne d'être un Alexandre de l'ouest. C'est la deuxième expédition qui constitue une menace importante pour Rome et Carthage. Il conserve son alliance avec l'Egypte : Agathocle épouse la fille de Ptolémée et Pyrrhus épouse la fille d'Agathocle. C'est un axe hellénistique qui se constitue. Conjonction de trois acteurs qui ont soit un projet d'imiter Alexandre, comme Agathocle, soit un héritage d'Alexandre : à sa mort, ses lieutenants se sont partagé l'Empire, Pyrrhus en Macédoine et Ptolémée en Egypte. C'est Pyrrhus qui reprend le flambeau après la mort d'Agathocle, d'où le danger hellénistique.
La cité de Tarente appelle à son secours Pyrrhus Ier lorsque Rome commence à se montrer menaçant pour la Grande Grèce. La menace potentielle devient réelle, l'axe hellénistique entre en action. Il débarque après l'appel au secours de -281. Batailles d'Héraclée en -280 et d'Ausculum en -279 : deux grandes victoires, mais avec des pertes disproportionnées, raison pour laquelle il ne poursuit pas son expédition vers le nord et se tourne vers la Sicile. Pyrrhus est appelé pour mettre fin à l'épicratie carthaginoise. Il débarque à Catane en -278, sur la côte est, profite du soutien des cités grecques, traverse l'île en un an. Un certain nombre de cités carthaginoises se soumettent. Mais Lilybée garde le siège pendant très longtemps, continuellement ravitaillée par la mer, et l'expédition de Pyrrhus se grippe. Il se détourne alors de l'hégémonie punique pour le territoire des Mamertins, ni Carthaginois, ni Grecs : il s'agit de mercenaires (leur nom vient du dieu Mars) originaires de Campanie, en Italie du sud, entre Naples et Capoue. Employés par Agathocle, ils se sont ensuite installés en Sicile en -288 au niveau du détroit de Messine et y considérés comme des oppresseurs.
Bilan : cette expédition sicilienne prouve la menace de l'axe hellénistique, l'intérêt des bonnes relations entre Rome et Carthage. Pyrrhus revient sans gains territoriaux, sans  grandes victoires, et affaibli. En-275 à Bénévent, il perd face aux armées romaines. Bénévent marque le point final à son ambition d'être un Alexandre le Grand Occidental. "Quel champ de bataille nous laissons aux Carthaginois et aux Romains !"
Le projet d'imiter Alexandre n'est plus porté par les orientaux ni par les hellénistiques. Il peut être porté par une puissance occidentale. Rome va pouvoir se battre contre Carthage. Il n'y a plus d'intérêt à maintenir des relations pacifiques : il faut se débarrasser de la grande puissance que représente Carthage.

L'équation géopolitique s'est peu à peu simplifiée pour mettre face à face Rome et Carthage.
Rome est une puissance terrestre qui se tourne vers la mer, Carthage est une puissance maritime qui consolide ses possessions terrestres.

Un point sur les armées. Carthage dispose de :
- Fantassins : phalanges au coude à coude qui forment des motifs géométriques, serrés. Protégés par un casque, une cuirasse, un bouclier qui permet de former un mur.
- Archers et frondeurs, spécialité de l'île d'Ibiza.
- Cavalerie à cheval, venue de Numidie.
- Cavalerie particulière, sur éléphants : les blindés de l'Antiquité. Ce n'est pas une innovation de la part des Carthaginois, Alexandre faisait la même chose. Les éléphants sont capturés au Maghreb et en Ethiopie. Ils ont une grande puissance d'écrasement mais constituent également danger pour ceux qui les utilisent : les éléphants, peureux peuvent se retourner contre leur armée. Les cornacs (= qui pilotaient les éléphants) disposent donc d'un poinçon pour tuer les éléphants fous.
Carthage emplie beaucoup de mercenaires, mais a un système de circonscriptions aussi.
Elle dispose de stratèges, officiers supérieurs puniques, mais les chefs des phalanges sont choisis parmi la majorité ethnique du groupe. Le fait d'employer des mercenaires, à la loyauté fragile, constitue une faiblesse de l'armée carthaginoise.

L'armée romaine est très réputée. Ses soldats à elle ont un peu plus de marche de manœuvre que ceux de Carthage. Les quatre légions, commandées par deux consuls (deux légions par consul) sont divisées en manipules (nom masculin). Son retard en matière de savoir-faire maritime a été plutôt bien comblé depuis le -IVème siècle.

Pyrrhus Ier constitue une menace jusqu'en -275. En -278, au plus fort de la tempête, Rome et Carthage signent un traité qui rappelle les zones d'influence et met en place un engagement d'aide logistique réciproque en cas de problème majeur avec Pyrrhus. Mais aucune des deux ne veut réellement fournir cette aide à l'autre. Alliance froide. Rome est de plus en plus intéressée par la disparition de Carthage. Son opinion politique évolue : dans le Sénat et parmi les consuls, on assiste à la montée en puissance de familles originaires de Campanie, qui veulent profiter de la disparition de Carthage parce qu'elles ont des intérêts économiques sur l'agriculture en Campanie, notamment la gens Atilia qui produit des consuls presque en continu entre -267 et -235.

Etincelle qui déclenche la guerre. Tarente et Regio tombent en -270 aux mains des Romains. Carthage met en place des alliances avec les Mamertins, et avec Syracuse. En -269, les Mamertins sont en danger vis-à-vis de Syracuse. Carthage leur vient en aide en laissant une garnison de 1 000 puniques vers le détroit de Messine : il n'y a plus de zone tampon, ils sont présents sur les deux rives. Les Mamertins se rebellent contre la garnison carthaginoise de Messine et appellent au secours Rome, en -264. Le consul Marcus Atilius Regulus traverse le détroit et s'empare de Messine, ce que Carthage considère comme un casus belli, une transgression des traités, notamment celui de -306. Rome prétend qu'elle n'est pas coupable puisqu'elle a été appelée au secours.[/color]


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Message par Lucy Austen Mar 28 Mar - 19:27

b. La première guerre punique.

• Première phase, à partir de -264 : la "guerre de Sicile et des îles".
Le stratège Hannon, allié à Hiéron, tyran de Syracuse, fait le siège de Messine mais échoue : Hiéron abandonne Carthage et signe un pacte de paix avec Rome en -263, obligeant Carthage à reculer vers l'ouest à la recherche d'un point d'appui solide, que lui fournit Agrigente. Rome assiège Agrigente, la fait tomber en -262 et la pille. L'épicratie de Carthage le voit comme le début de la fin, et abandonne elle aussi Carthage pour Rome. La présence carthaginoise est bouleversée, elle est confinée à l'ouest de l'île. Lilybée et Panorme deviennent des points fondamentaux. Carthage organise la résistance : elle harcèle les convois romains passés ravitailler les côtes siciliennes, et lance des raids : dans les années -261, -260.
Rome décide de muscler sa force navale, au niveau de sa force technique comme de son nombre de navires : pour récupérer le budget, Rome pioche dans les caisses des grandes familles campaniennes. Elle se constitue une flotte dite de 100 quinquérèmes et de 20 trirèmes. Rome obtient une grande victoire navale au nord de la Sicile, au large de Mylae, grâce à Duilius. Elle est décisive, en tant qu'elle affaiblit Carthage d'un tiers de sa flotte et la touche dans son hégémonie : c'est la première fois que Carthage perd face à Rome en combat naval. Des mouvements insurrectionnels se développent. Les batailles navales se succèdent, la puissance de Rome n'est plus seulement une puissance terrestre. Cela dure jusqu'en -258 ; le verrou sicilien, si fondamental pour Carthage, saute.

• Deuxième phase, à partir de -257 : d'une phase sicilienne, on passe à une phase africaine.
Marcus Atilius Regulus débarque avec 330 vaisseaux et 40 000 hommes sur le territoire carthaginois, depuis Ecnome. Hannon n'arrive pas à le retenir par la mer et il arrive à Clupea. Pillages, ravages, par exemple à Kerkouane. Il coupe Carthage de ses approvisionnements terrestres : Tunis et Kerkouane sont occupées par les Romains. Mais Carthage repousse les propositions de négociations. Elle se reconstitue une troupe de mercenaires, dont elle confie le commandement à Xanthippe, à la tête de """""12 000 régiments"""" de fantassins, de ???? cavaliers et de cent éléphants. Xanthippe combat Rome dans des lieux adaptés à des batailles rangées, et Rome est stratégiquement inférieure. Son armée est en déroute, elle subsiste à l'état de lambeaux, et Carthage s'empare de 50 otages dont Regulus. Xanthippe est payé et rentre.
Regulus est envoyé à Rome avec une mission de négociation, et est sommé de rentrer à Carthage. Mais il dit aux Romains de poursuivre les combats. Il tient sa parole et rentre à Carthage, où il se fait torturer. Il devient pour Rome un symbole de la fides romana (= honneur, geste) et de la malignité carthaginoise.
En -254, Rome reprend l'avantage en Sicile et s'empare de Panorme à nouveau. Carthage n'a plus que Lilybée et Drépane. Hamilcar Barca est envoyé en Sicile (-247), entre Drépane et Lilybée, sur le mont Eryx. Il harcèle les troupes romaines en continu, durant une longue phase, jusque dans les années -240, et avec une intensité particulière entre -246 et -241.
Carthage se trouve confrontée à un choix stratégique : maintenir les forces en Sicile, ou conserver le territoire africain ? Le parti d'Hamilcar veut garder sa position même réduite en Sicile et s'oppose à Hannon, représentatif d'un parti africain, qui veut défendre la chôra avant tout. La dernière confrontation a lieu en -241, aux îles Egates, au large de Lilybée. Défaite. Carthage perd sa flotte, perd ses routes maritimes, l'amiral est crucifié. Les prétentions sur la Sicile doivent être laissées de côté et Hamicar est poussé à la négociation parce qu'il ne peut plus être ravitaillé. Il négocie le traité de -241 : abandon de la Sicile, des îles Eoliennes (Lipari), interdiction de faire la guerre à Syracuse et ses alliés, obligation de libérer les prisonniers et de payer 1000 talents immédiatement et """"2200"""" sur dix ans (= 57 tonnes d'argent pur). En échange, Hamilcar est autorisé à revenir à Carthage. Il démissionne de ses fonctions de stratège, les soldats ne peuvent pas rester en Sicile.
La Sicile devient une province romaine, sauf Syracuse qui reste indépendante. C'est l'hégémonie romaine qui s'affirme en Méditerranée. Carthage perd peu à peu son contrôle sur la Corse et sur la Sardaigne.


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Lucy Austen

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Message par Lucy Austen Mar 28 Mar - 19:40

2. La "guerre d'Afrique" (-241 ; -237) ("guerre d'Afrique" -> Polybe ; "guerre inexpiable" ; "guerre des mercenaires" -> Flaubert).
a. La révolte des mercenaires.

La guerre contre Carthage a été voulue par des mercenaires non payés, mais aussi par des autochtones désireux de se débarrasser de Carthage.
Carthage a recruté ses mercenaires un peu partout (Gaule, Ibérie, Grèce...). Elle dispose de sous-officiers barbares solides, engagés sur la base d'un contrat écrit (avantages en nature, héritiers...).
Le traité de -241 indique que les 20 000 hommes en Sicile doivent retourner à Carthage. Celle-ci n'a pas le droit de démobiliser sur l'île, et donc de laisser les mercenaires se servir en Sicile. Giscon gère ce débarquement, et les envoie groupe par groupe pour ne pas laisser des soldats sans activité sur le territoire carthaginois. Le Sénat carthaginois espère obtenir une décote sur les soldes à verser aux mercenaires, or les soldes ne sont pas payées depuis le début de l'année -241.
Les mercenaires aiment leur métier. Pour eux, la guerre n'a pas été perdue par leur faute, mais par défaut logistique, ce sont les marins qui ont perdu. Ils sont frustrés, et à leurs yeux, ceux qui doivent les payer sont des incompétents. Carthage les envoie à Sicca Veneria (= Sicca, Le Khef), avec leur famille, pour les éloigner de la ville principale mais aussi dans l'idée de les réemployer pour l'expansion sur le territoire africain. C'est Hannon, stratège d'Afrique, qui est en charge de ces troupes. [Temple d'Astarté à Sicca Veneria.] Hamilcar Barca a le projet de reprendre un jour la lutte contre Rome.

L'étincelle de cette situation explosive est la conjonction de la rancœur et de l'incompétence. Hannon, chargé de négocier avec les mercenaires en Afrique, ne se débrouille pas bien dans cette situation et ne peut donc pas obtenir de rabais : il est inconnu des mercenaires, il n'est pas porté par la légitimité d'Hamilcar, et il n'est pas non plus le bon interlocuteur pour la reprise des combats en Méditerranée (puisqu'il y est opposé) ni contre les Africains (parce qu'il est réputé, auprès des mercenaires africains, pour ses exactions en Afrique).
Les mercenaires quittent Sicca Veneria et vont à Tunis. Giscon se présente comme un meilleur interlocuteur, connu par les mercenaires et lui-même originaire de Lilybée. Il paye la solde, obtient une pacification et un engagement de fidélité, mais il est débordé par une fraction de mercenaires qui écarte les sous-officiers. Il s'agit de soldats en grande partie africains, qui ont des revendications politiques, au sujet de la façon qu'ont les Carthaginois de traiter les campagnes africaines. Spendios, Mâtho, Narr'Havas (gravure de Poirson). Spendius (= os) est un esclave originaire de Campanie, enfui. Mâtho est un Africain (Libyen).
En somme, on a là affaire à une insurrection des campagnes africaines contre une pression fiscale et agraire. C'est un conflit d'ampleur, qui rassemble 20 000 mercenaires et 70 000 paysans africains. Cette insurrection a le moyen de payer le reste des mercenaires.


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Message par Lucy Austen Mar 28 Mar - 20:22

b. Les batailles d'Afrique.

Les 90 000 insurgés se divisent en trois groupes : les deux premiers ont pour mission d'attaquer Utique et Bizerte (Hippone), le troisième reste à Tunis pour bloquer les ravitaillements à Carthage. Le but n'est pas d'anéantir Carthage mais d'obtenir une modification des rapports de domination. L'affaiblissement causé par la division en trois n'est que relatif : ils sont sur un espace restreint.
Hannon tente de percer le siège d'Utique mais échoue. Changement dans l'opinion publique de Carthage. 600 prisonniers, matériel détruit. Hannon se voit rejoint par son ennemi juré, Hamilcar Barca, en tant que nouveau gouverneur. Hannon est chargé des troupes de réserve, Hamilcar s'occupe des opérations à l'extérieur.
Bataille de Bagradas (= de la Medjerda). Hamilcar longe les côtes, traverse l'embouchure de la Medjerda pour faire sauter le verrou d'Utique avec une armée de 10 000 hommes et de 70 éléphants. La marée basse crée un pont de sable et permet d'attaquer les troupes ennemies avec l'avantage de la surprise. Il fait preuve de stratégie : les insurgés doivent se déplacer en colonne, tandis que l'armée d'Hamilcar peut se déployer. Bilan humain chez les insurgés : 6 000 morts.
Carthage a à nouveau accès à son arrière-pays africain. Il avance vers le sud pour consolider les bases de Carthage. Dans cette expédition, Hamilcar rencontre les groupes de Spendios et d'Autharite. D'abord surpris par leur guérilla, Hamilcar reprend ensuite l'avantage. Les forces de Naar'havas, cavaliers numides, trahissent et se rangent à ses côtés..
Deuxième bataille, avant d'entrer dans la "guerre inexpiable" : bataille de Djebel Lahmar. Bilan humain : 10 000 morts et 4 000 prisonniers chez les insurgés.
Un épisode cause un soudain accroissement de la violence, au point que le dialogue n'est plus jamais possible : pour éviter qu'Hamilcar ne fasse preuve de mansuétude envers les mercenaires prisonniers, qu'il connait, et ne leur permettent de se ranger à ses côtés, les mercenaires mettent Giscon à mort, ainsi qu'une partie des otages de Sicca Veneria. La reconversion dans l'armée punique n'est plus possible, les mercenaires ne peuvent plus avoir d'avenir que dans la victoire.
La riposte est décousue. Hippone et Utique se rendent aux insurgés parce qu'elles sentent que l'issue de la guerre est bien loin. Comme elles représentent un intérêt stratégique et politique, elles sont épargnées.

Les désaccords entre Hamilcar et Hannon sont gérés par le Conseil des Anciens : l'armée choisit le commandant qu'elle préfère, Hamilcar. Il travaille seul, avec l'aide de Narr'Havas, d'un état-major plus stable.
Il attire les insurgés dans le défilé de la Scie (nom donné par Polybe) et obtient des négociations : les mercenaires sont libérés à condition de rendre les armes et de livrer en otage 10 officiers dont Spendius et Autharite. La négociation échoue, la bataille commence et se révèle une défaite écrasante pour les mercenaires. C'est la fin de l'insurrection dans l'arrière-pays africain, mais il reste Mâtho à Tunis.
Ce dernier objectif qu'est Tunis nécessite le rétablissement du tandem Hamilcar-Hannon. Le siège de Tunis est une mise en scène de la victoire. Les corps des dirigeants comme Spendios sont crucifiés et exposés. Mais Mâtho bat les Carthaginois et s'éloigne de Tunis et de la chôra pacifiée par Hamilcar, vers les empories, vers Cyrène. On assiste au dernier acte de la guerre inexpiable, avec la défaite des insurgés et la capture de Mâtho : bataille de Leptis Magna [ou Minor ?], -237. Les mercenaires sont presque entièrement détruits. Les paysans associés à l'insurrection sont durement châtiés également, et les campagnes purgées de toute forme de rébellion. Le dernier chef meurt à Carthage, torturé en place publique. C'est une victoire durement acquise pour Carthage. Elle révèle également les clivages entre les factions.
Hamilcar entame ensuite une carrière politique importante.

Bilan de cette Ière guerre punique : Carthage perd son outre-mer en mer Tyrrhénienne ; sa présence en Corse et en Sardaigne s'allège et conduit à des révoltes """"(-239 ; -238)"""".
Les insurgés sardes en appellent à Rome, qui commence par refuser au nom du traité de -241. Rome n'encourage pas la sédition chez les territoires colonisés pour ne pas encourager ses propres sujets à la révolte, mais l'insurrection monte en puissance, et la répression se montre inefficace. En -237, Rome change de stratégie et accepte la "soumission" des insurgés sardes, parce qu'elle ne veut pas voir Hamilcar se présenter comme un leader puissant capable de relever la puissance carthaginoise. Ce n'est pas un casus belli mais un deditio, selon elle ; pas selon Carthage. L'insurrection est rapidement prise en main par Rome, Carthage n'a pas le temps de débarquer sur la Sardaigne et se soumet par peur d'une nouvelle guerre. Elle doit payer une nouvelle indemnité de 31 tonnes d'argent. C'est la fin de l'outre-mer punique.
Cette perte de territoire considérable prouve cependant les qualités d'un homme qui incarne la revanche. Il dispose de pouvoirs militaires extraordinaires, illimités dans le temps pour la première fois, et très importants dans l'espace : en Libye et en Espagne, sur un autre espace-clé de la Méditerranée. Hannon, lui, est très discrédité lorsque la Sardaigne échappe à Carthage ; on lui reproche sa stratégie molle.
Nouvel empire colonial. Le circuit commercial doit être reconstitué.


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Message par Lucy Austen Mar 28 Mar - 20:46

II- La deuxième guerre punique : la guerre d'Hannibal (ambition territoriale dans l'imitatio Alexandri. Avec Hannibal, émergence d'un Alexandre de l'ouest.)
1. Le rôle stratégique de l'Espagne barcide
a. L'hégémonie punique en Espagne.

Projet de former une nouvelle base ultramarine. La présence punique en Espagne n'attend pas Hannibal : il y a déjà des comptoirs. Mais il ne s'agit pas d'une véritable assise territoriale, excepté à Ibiza et aux Baléares.
Dans l'imaginaire méditerranéen antique, l'Andalousie actuelle, le pays de Tartesos, est comme un Eldoradeo (il y a effectivement des mines là-bas). Gadès, point central. On estime les richesses plus importantes. L'élite de Carthage veut reconstruire sa puissance sans être sous la menace de Rome. Amilcar Barca et Asdrubal le Beau sont-ils en mission sous les ordres du gouvernement ? Ou mettent-ils en scène leur puissance familiale au profit de la puissance de Carthage ? Amilcar aurait fait jurer à son fils Annibal de ne jamais être l'ami des Romains (serment de haine) sur l'autel de Baal Hammon.
Début de l'expansion à Gadès, avec une partie de l'armée. Implantation sur le sud et la côte orientaux. Les Carthaginois dotent ces structures puniques d'outils régaliens : pièces de monnaie. Le pouvoir se personnalise, prend les allures d'une monarchie, ce qui est un fonctionnement original, par rapport à Carthage.
Hamilcar : ses pouvoirs sont à nouveau limités mais il est réélu tous les ans. Les richesses du territoire espagnol se révèlent très utiles pour payer les indemnités, pour disposer de nouvelles forces militaires. "Reprendre l'aventure enrayée", Decret.

L'extension de ce territoire se fait d'abord par la vallée du Guadalquivir. La bataille d'Anas sur le Guadania permet à Hamilcar de dominer l'ouest de cette vallée, et de prendre pied sur le Levante. Il se bat contre des Ibères et des Celtibères. Le point d'appui se déplace de Gadès à Akra Leuké (fondation en -231). L'assise punique est efficace : Hamilcar a le contrôle des littoraux et de l'arrière-pays. Combats contre les Grecs, à Massilia, Rhodes et Emporium. Rome se fait le porte-voix de l'appel de Massilia et envoie une délégation auprès d'Hamilcar en -231.
Très vite, l'Etat barcide est constitué. Risque : que le successeur soit moins charismatique. Or Hamilcar meurt en pleine bataille, contre les Oretani, commandés par Orisson, en -229. Il aurait essayé de sauver la vie de ses fils en attirant sur lui les armées lorsque la bataille s'est révélée perdue et se serait ainsi noyé.
Sa succession va à Asdrubal le Beau. C'est un militaire adapté à une conquête de l'espace non maîtrisé.
- associe Hannibal à son pouvoir
- exerce sa vengeance sur Orisson et les Oritani
- prépare des alliances matrimoniales avec les princesses ibères
- adopte des pratiques locales
-> Il montre une intelligence politique.
Les liens entre le stratège punique et les rois ibères rappellent ceux d'un suzerain et de son vassal. L'Espagne punique se construit territorialement et institutionnellement.
Asdrubal le Beau fonde sa ville : Carthagène (= Carthago Nova), son Alexandrie. Polybe la décrit avec un palais, avec des chantiers navals.
En -226, Rome lance une deuxième expédition, beaucoup plus incisive. Entre -231 et -226, les peurs augmentent. Un traité entre Rome et Carthagène s'impose, qui fixe la limite septentrionale de l'expansion barcide à l'Ebre, mais on ne sait pas quelle est la contrepartie (tout au moins la légitimisation de l'Espagne barcide). Ce traité est intéressant car il montre que Carthage a à nouveau les moyens de s'imposer comme une métropole. Rome ne peut pas lancer d'offensive sur Carthage car elle est menacée par les Gaulois.
Sagonte, pourtant loin au-dessous de l'Ebre, a des liens avec Rome. Elle échappe à l'hégémonie punique, elle est une sorte de cheval de Troie. Hasdrubal le Beau meurt en -222 ou -221, tué par un Celtibère. Hannibal, 25 ans, est choisi par l'armée punique.


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Message par Lucy Austen Mar 28 Mar - 20:59

b. Hannibal (-247 ; -183) , la revanche des Barcides.

Le serment de haine : Amilcar Barca lui a demandé de le prêter juste avant le départ en Espagne, tout jeune encore. Raconté par Cornélius Népos, dans La Vie des grands capitaines. Annibal raconte au soir de sa vie, auprès du roi ????, comment son père l'a fait jurer de toujours haïr les Romains.
Les Barcides sont issus de la Byzacène, dont ils tirent leur richesse. C'est une famille de l'élite carthaginoise, mais qui a des soutiens populistes et accuse l'oligarchie. L'éducation d'Annibal n'est pas unique, il la partage avec ses frères cadets, Asdrubal le Jeune (à distinguer du gendre d'Amilcar) et Magon. L'émulation collective est une forme d'éducation que l'on retrouve jusqu'au Moyen-âge. Tous trois quittent Carthage très tôt, à neuf ans pour Annibal. Ils sont confrontés à une éducation sur le terrain, aux difficultés du combat, à la mort de leur père. Annibal devient le lieutenant d'Asdrubal le Beau et prend sa succession en -221. Ses frères l'accompagnent encore, avec Hannon, son """"neveu"""". Amilcar Barca : "ce sont là des lionceaux que j'élève pour la ruine de Rome". Volonté de produire plusieurs successeurs. Education de la revanche, initiation précoce à la guerre.
Similarités avec Alexandre :
- formation précoce
- formation collective
- récit d'une éducation qui ne fait que révéler des qualités de leader enfouies
- précepteur grec (Sosylos, Spartiate)
- éléments de stratégie militaire qui deviennent des cas d'école jusqu'au XIXè siècle.

Stratégie : Annibal apprend à choisir le terrain, à en étudier la topographie pour compenser un manque de soldats. Il utilise la ruse. C'est un professionnel de la guerre, pas un aristocrate qu'on distingue avec la qualité de stratège : il y est élevé depuis ses neuf ans.
L'"Etat barcide" est constitué jusqu'à l'Ebre. Annibal épouse une princesse ibère : Imilcé, de la région du Guadalquivir. Il doit mettre aux pas quelques Ibères, mais le tout est maîtrisé en -219. Sagonte pose cependant problème. Du fait de conflits entre elle et ses voisins, Elle se fait convoquer à l'Assemblée des peuples ibères, instance créée par """"Asdrubal le Beau"""". Elle refuse, puisqu'elle ne reconnaît pas la légitimité de la tutelle punique. Annibal s'en sert comme prétexte : la seule solution qu'il reste, après la solution diplomatique, est la force des armes. Il pose le cas devant le Sénat carthaginois, qui valide. Rome envoie une ambassade à Carthagène pour rappeler aux Carthaginois les conditions du traité de -226, mais Annibal crée la rupture et lance le siège de Sagonte. C'est un siège très difficile, qui dure un peu moins d'un an. La population de Sagonte est décimée par la faim, en -219. Elle se livre : elle est prise et pillée. Une seconde ambassade romaine va au Sénat carthaginois pour demander réparation, et la guerre est déclarée à Carthage par Rome du fait de l'échec des négociations.

La péninsule italienne est le but d'Annibal, et l'Espagne sa base arrière. Annibal veut réparer l'outrage fait à Carthage. Il ne veut pas exterminer Rome mais restaurer la puissance de Carthage. Dignitas, et imperium (= capacité de commander).
Conviction personnelle. Capacité à fédérer les troupes, à galvaniser, qu'il appuie sur ses compétences de technicien et sur une idée de "baraka" (= sorte de protection divine, de charisme, qui lui ferait tout réussir). Aura divine qui lui permet de traverser les Pyrénées et les Alpes à dos d'éléphants sans sédition, sans révolte.
Il désorganise la péninsule italienne. Il n'attaque jamais l'Urbs, mais essaye de la couper de ses alliés. Pas de confrontation directe. Carthage s'enrichit du butin d'Italie. Elle retrouve progressivement son prestige, au fur et à mesure de la progression d'Annibal.
Il compile son histoire en même temps qu'il la crée, grâce à Sosylos. Il dépose des tablettes dans un sanctuaire à Crotone : mise en scène de sa geste personnelle.


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2. La "guerre contre les Carthaginois et les Gaulois"
a. Les victoires puniques.

Armée carthaginoise au départ : 90 000 fantassins, dit-on, plus 12 000 chevaux et quelques dizaines d'éléphants (60 ? 70 ?). -218 ; -216.
L'armée avance lentement par la terre, par le nord de l'Italie. Elle traverse deux chaînes de montagnes jeunes, dont une au coeur de l'hiver. Cette option paraît déraisonnable, mais Carthage n'a en réalité plus le contrôle des mers, ni l'argent nécessaire à un transport maritime. Annibal retrace l'itinéraire d'Hercule, qui devait amener un troupeau de Gibraltar à la Grèce.

Mai -218 : départ de Carthagène.
• Les Pyrénées se font avec difficultés : il ne reste plus que 50 000 fantassins, 9 000 cavaliers, 37 éléphants. Les chiffres ne sont pas sûrs, mais montrent une perte des forces.
Le sud de la France se fait sans problèmes, mais à la vallée du Rhône, ils s'accumulent. Les légions romaines ont débarqué à Masisilia et tiennent la basse vallée du Rhône. Elles bloquent le passage méridional, plus simple. Annibal traverse donc le Rhône au niveau d'Orange puis le remonte, longe la rive gauche vers le nord, dans la vallée de la Maurienne.
• Il franchit les cols des Alpes et redescend côté italien, dans la vallée du Pô. La traversée des Alpes dure une quinzaine de jours, sans doute grâce à l'aide des populations locales. Des guides autochtones les auraient menés dans la montagne. La plaine du Pô est donc atteinte pendant l'hiver -218 ; -217. 20 000 fantassins, 6 000 cavaliers plus """""deux éléphants"""" subsistent. Reconstitue une partie de ses effectifs grâce aux populations locales, anti-romaines.
• Premières confrontations militaires depuis Sagonte : victoire à Tessin en -218, sur la rive gauche du Pô. Deuxième victoire à Trébie.
• L'avancée d'Annibal marque une pause : repos dans la ville de Bologne, pour passer l'hiver. Il devient borgne des suites des conditions de vies difficiles de l'hiver.
• Annibal traverse la Toscane, il descend vers le sud. Les confrontations se multiplient. Il s'applique à déstructurer les forces romaines, en traitant les prisonniers non-romains avec plus de bienveillance (ils les libère sans rançon) que les prisonniers romains, ce qui lui permet de se présenter comme un libérateur.
• Bataille de Trasimène (= lac) en -217. Annibal attire les Romains sur la plaine côtière. Trois heures, 10 000 soldats romains meurent contre 2 500 soldats carthaginois seulement. Cette victoire pourrait ouvrir le chemin vers Rome (~200km) mais Annibal y renonce parce qu'il n'a pas les moyens d'en faire le siège.
• Repos dans la région du Picenum.
• Rome apprend de ses erreurs, passe en dictature en hiver -217 ; -216. Elle change également de  structure : guérilla, guerre de harcèlement plutôt que confrontation frontale, notamment en Campanie, pendant qu'Annibal descend et essaye de mettre la main sur Capoue (dont il voudrait faire le coeur politique de l'influence punique en Italie du sud). Les succès d'Annnibal se font plus rares, plus difficiles ; il diffère la prise de Capoue et se retire de Campanie en Apulie.
• Rome, dès -218, avait pris le chemin de l'Espagne ; en """"-216"""", elle s'applique à détruire la puissance barcide. En -217, elle s'empare de Sagonte.
• Bataille décisive : Cannes (Italie, au nord de Tarente), -216, triomphe d'Annibal. La citadelle voit s'affronter une armée romaine extrêmement importante et des troupes puniques inférieures en nombre. Carthage gagne en disposant ses forces : elle présente un front aussi large que l'armée romaine, mais sur une ligne bien plus réduite.
- Au coeur : fantassins gaulois et espagnols.
- Sur les côtés, de part et d'autre : fantassins libyens.
- Encadrement : cavalerie espagnole d'un côté, numide de l'autre.
Il parie sur l'effacement des fantassins européens qui permettra aux cavaliers puniques de se refermer sur les Romains. Pertes : """"70 000"""" Romains meurent, et un des deux consuls avec, plus ceux des années précédentes. Annibal renonce encore à attaquer Rome, ce qui est incompris par un certain nombre de chefs puniques. Chef numide à Annibal : "tu sais vaincre, Annibal, mais tu ne sais pas profiter de la victoire." Les actions diplomatiques vis-à-vis de la Campanie, de l'Apulie, se multiplient.
• Episode de Capoue. Annibal veut faire remonter l'influence romaine au nord de Capoue, rétablir une hégémonie.
-215 : Annibal signe une alliance avec Philippe V de Macédoine (-238 ; -179) qui engage Carthage et la Macédoine à s'aider mutuellement et à ne pas s'allier à Rome. Philippe V veut consolider son influence sur la mer Adriatique. Annibal a une aide à proximité. Il conclut également une alliance avec Syracuse, lui assurant qu'ainsi elle pourra garder la partie est de l'île. A partir de -215 et pendant trois ans, les combats se déroulent aussi en Sicile. Le siège de Syracuse par Rome est extrêmement dur. Rome est fragilisée dans son ravitaillement en blé. Syracuse résiste grâce à Archimède, mais il meurt en -212.


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Message par Lucy Austen Mar 28 Mar - 22:51

b. Les revers (-215 ; -204) et la défaite puniques (-202).

Revers en Espagne et en Italie.
Rome porte en Espagne des coups décisifs. Elle veut frapper Carthagène, cœur de la puissance barcide, défendue par [color=#c9c9c9]Asdrubal le Jeune. Défaite des Romains dans un premier temps ; mais en -209, l'objectif espagnol est réactivé, et Carthagène est prise par celui qu'on appellera Scipion l'Africain (Publius Cornelius Scipio). Il s'empare d'un symbole de puissance ; de plus, l'ensemble du territoire barcide en Espagne est déstructuré. Défections. Les armées romaines se tournent vers la vallée du Guadalquivir, cœur économique de l'Espagne. Défaites d'Asdrubal le Jeune, notamment à Baecula. Asdrubal est forcé de quitter l'Espagne par le nord de la vallée. Il traverse lui aussi les Pyrénées puis les Alpes pour rejoindre Annibal, dans un dernier mouvement. Mais sa défaite à Métaure, en -207, cause sa mort et interrompt donc ce projet de jonction.
Sur la péninsule italienne : du nord de Capoue à la vallée du Pô, le territoire est bien tenu par les Romains, mais la situation est plus compliquée en Italie du sud. A partir de -215, Rome mobilise 200 000 hommes (dit-on) pour reconquérir la Grande Grèce et la Sicile. Les villes tombent : Syracuse en -212, Agrigente un peu plus tard. C'est la fin des ambitions puniques en Sicile. Capoue, -211 : fin de l'ambition punique en Italie du sud. C'était cette ville qu'Annibal voulait pour capitale de l'empire carthaginois en Italie du sud. Annibal se trouve acculé, sans espoir de soutien excepté de Carthage elle-même. Magon, troisième frère, tente de débarquer en Ligurie ; il prend Gênes en -205 et tente d'organiser une tenaille. Mais Carthage ne peut pas ravitailler Magon ni en vivres ni en hommes, et il reste bloqué en Italie du nord.

Evolution des rapports de force. Annibal est diplomatiquement très seul, sans l'Espagne et sans Philippe, qui renonce à l'alliance avec Carthage en -209, lui-même confronté à des problèmes en Macédoine. Rome a toutes les cartes en main pour toucher Carthage au cœur de l'Afrique. -204 : Scipion entreprend un débarquement en Afrique. Il perd d'abord face à Utique, mais cet échec est vite effacé par la victoire de Campi Magni en -203, vallée très importante. Carthage est défaite, mais aussi son allié numide Syphax. En le perdant, Carthage n'a plus d'appui extérieur du tout. En -203, les négociations avec Rome en s'engagent. On rappelle en Afrique Annibal et Magon (qui meurt des suites de ses blessures). La guerre aurait pu s'arrêter là.

Les Numides. Leurs rapports avec Carthage se font dans le cadre de stratégies politiques, pour maintenir leur royauté et pour maintenir Carthage dans son territoire.
Les princes numides se divisent en deux royaumes : celui des Masaesyles (Massaesyles) dirigé par Syphax, le plus vaste, avec les villes de Siga et Cirta notamment, et celui des Massyles, dirigés par Gaia, plus petit, moins structuré, moins urbanisé. Gaia est remplacé par Massinissa à sa mort. Les rois numides sont indispensables pour la conquête de Carthage, et s'allient avec le plus fort. On assiste à des renversements spectaculaires :
- Syphax est un allié de Rome au début de la guerre, car les comptoirs puniques lui paraissent trop importants. Il entretient avec elle des liens assez serrés ; des émissaires romains forment des soldats numides à certaines techniques. En -205, les alliances se renversent : en cas de débarquement romain, Syphax s'engage à protéger Carthage. En effet, si Rome vainc Carthage en Afrique, le territoire numide est mis en danger ; il préfère maintenir une Carthage affaiblie.
- Le royaume massyle, lui, est un allié historique de Carthage, et reste à ses côtés jusqu'en -206. Il se tourne vers Scipion lorsque la victoire romaine paraît proche. Intervient un jeu de succession : Massinissa doit combattre pour succéder à Gaia qui meurt en -240, et Rome l'aide. Lorsque Scipion écrase Carthage, Massinissa est conforté en tant que roi, et se tourne vers le royaume massesyle (Syphax est emprisonné).

Affrontement final. Les négociations sont ouvertes à partir de -203. Annibal s'installe non pas à Carthage mais en Byzacène, parce qu'il s'agit du domaine familial mais aussi parce qu'à Carthage domine la faction oligarchique, opposée aux Barcides depuis longtemps. Les négociations se font sans lui, pendant une année, et n'aboutissent pas, à cause de plusieurs incidents, concernant des navires romains de ravitaillement échoués sur le cap Bon, de même que le navire portant les négociateurs, attaqués par des Carthaginois.
Annibal reprend le chemin de la guerre, en Afrique cette fois. Il se mesure à Scipion dans la bataille de Zama. C'est le face-à-face des deux grands techniciens militaires de l'époque. Une ultime rencontre échoue avant la bataille, parce que les exigences des deux sont incompatibles.
Zama : Romains + Massinissa contre Carthage. Les Romains prévoient la charge des éléphants, et c'est une victoire éclatante pour eux. Annibal fuit jusqu'à Hadrumète. Nouvelles négociations, mais Carthage n'a plus grand-chose à imposer.
La paix signée en -201 est très dure pour Carthage. Elle garde son indépendance, mais perd tous ses outils de puissance.
- Elle ne peut pas déclarer la guerre sans l'accord du Sénat romain.
- Les territoires de Carthage en Afrique sont en partie restitués aux Africains.
- Tous les éléphants et tous les vaisseaux de guerre, sauf dix, sont confisqués. Les trirèmes et les quinquérèmes sont brûlées face à la ville dans une volonté d'humiliation. S'il reste dix navires de guerre, c'est peut-être dans l'idée d'accompagner des convois commerciaux, d'où la création d'un port de guerre performant.
- Indemnités de guerre de 10 000 talents sur 50 ans (258 tonnes) en plus de la restitution des trésors.
Tutelle romaine très forte. Carthage est amputée de son territoire outre-mer et de ses possessions en Afrique. On n'imagine pas une seconde qu'elle retrouve une capacité de puissance.

Annibal reste chef des armées puniques, c'est-à-dire d'une armée qui n'a pas le droit de faire la guerre : une armée de défense, qu'il occupe à l'agriculture, à moins que cette anecdote ne soit qu'une volonté d'humiliation de la part des écrivains romains. Il abandonne son rôle militaire en -196 pour devenir suffète. C'est donc à nouveau la faction populaire qui domine. En effet, Annibal n'est pas maculé par la défaite, alors que la faction oligarchique l'a négociée. Annibal incarne toujours l'indépendance carthaginoise. Il mène des réformes : affaiblissement des sénateurs, enquêtes sur les fraudes fiscales (l'argent détourné est récupéré et donné à Rome). Son mandat dérange. L'oligarchie envoie une ambassade à Rome, pour l'avertir du danger que représente Annibal. Celui-ci s'exile en -195, à l'issue de son suffétat, lorsque Rome le met en accusation. Il va à Tyr : il reproduit la légende d'Elissa à l'envers. Il continue jusqu'en Asie mineure, sur les rives de la mer noire, et cherche l'appui auprès de différents rois : Antiochus (Syrie), puis Prusias (Asie mineure : Turquie actuelle). C'est là qu'il finit sa vie. Il est obligé à cette errance parce que les Romains font pression sur les rois pour se faire livrer Annibal. Lorsque Prusias s'apprête à le livrer, il préfère se suicider, en -183.
Pourquoi cette poursuite ? Il ne s'agit pas d'une haine personnelle. Il est suspecté de chercher de futurs appuis en Orient. Les Romains ont peur, encore une fois, de l'imitatio Alexandri. On ne sait pas si Annibal avait réellement cette intention.


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Message par Lucy Austen Mer 29 Mar - 18:14

III- La conquête romaine de l'Afrique : "delenda est Carthago"
1. La chute de Carthage
a. La prospérité retrouvée.

Carthage se consacre au commerce. Elle est à nouveau une grande puissance commerciale, une cité marchande. La concurrence Rome-Carthage redevient sérieuse au milieu du -IIème siècle. La cité de Carthage n'a jamais été aussi dynamique : c'est à cette époque que le quartier d'Annibal et les ports ont été construits, sans oublier les progrès économiques et démographiques. Carthage profite de la pax romana, elle transforme sa faiblesse en force.
Rome, elle, est confrontée à des guerres en Macédoine et en Grèce, et a besoin d'approvisionnement. Carthage est le principal prestataire des marchés, elle fournit des produits agricoles chaque année et de plus en plus. On voit des commerçants puniques caricaturés dans la littérature romaine. Elle exécute un commerce d'exportation et de réexportation (peaux, vins, minerais). Elle profite aussi des marchés de Grèce, de Macédoine, d'Espagne (on retrouve encore des amphores puniques dans ces zones, et vice versa). A Rome, le parti punique monte en puissance, incarné par Caton l'Ancien. Il s'oppose au parti qui considère que Rome doit avoir des ennemis pour rester vigilante, représenté par Cornelius Scipio Nasica. Discours de raison : utilité d'un ennemi commun pour fédérer la nation, cimenter. Attitude belliciste favorable à une guerre préventive. En -151, Carthage s'est acquittée de sa dernière annuité. Rome va devoir trouver un prétexte. Elle attend une infraction à la clause pacifiste de -201.

Carthage se trouve confrontée à l'expansion de Massinissa : "l'épée de Damoclès", selon Melliti. Il profite de l'incapacité de Carthage à répondre pour avancer sur le territoire africain, et elle ne peut qu'attendre les arbitrages de Rome. Or, jusqu'en -168, ceux-ci sont favorables à Carthage dans ces cas-là, parce qu'elle ne s'inquiète pas de la puissance militaire punique, et concentre ses efforts sur la Grèce.
-168. Rome bat Persée, fils de Philippe V, à Pydna. L'orient ne pose plus de problème : Carthage redevient un ennemi potentiel. Alors que Massinissa s'attaque aux comptoirs, qu'il va jusqu'au golfe des deux-Syrtes et prend en écharpe le territoire carthaginois, Rome ne répond plus à Carthage.
-153. Massinissa s'approche des grandes plaines. On approche du point de non-retour. L'ambassade de Rome ne prend aucune décision contre Massinissa. La tension monte. La faction populiste, plus belliciste, gagne en importance. Les forces militaires sont confiées à Asdrubal le Boétarque (nombre d'hommes : 25 000) en -150, et Carthage prend les armes contre Massinissa. A cette époque, la Numidie correspond à tout le Maghreb ou presque, et son état-major est puissant. Asdrubal perd. Rome se décide non plus à amputer Carthage de quoi que ce soit, mais à l'éradiquer complètement. Elle met en place, grâce à la ruse, à la stratégie dissimulée, des éléments de suicide métropolitain. Carthage est conduite à saper chacun de ses piliers constitutifs (site, situation, patrimoine, ...)
Rome accumule les soldats en Sicile, de manière discrète, sous la direction de Manilius et de Censorinius. D'autre part, une ambassade carthaginoise doit rendre compte de sa prise d'armes contre Massinissa. L'ambassade a pour vocation de faire soumission (deditio), elle est prête à obéir à Rome pour apaiser les tensions.
- Rome demande 300 enfants de la noblesse carthaginoise en otage, ce qu'elle accepte.
Manilius et Censorinius quittent la Sicile pour Utique, soumise à Rome, avec 80 000 hommes.
- Rome demande toutes les armes et toutes les machines de guerre de Carthage, individuelles et collectives.
- Rome convoque l'élite carthaginoise (-> Sénat) à Utique et lui révèle la sentence : vider la cité pour qu'elle soit détruite et reconstruite à quinze kilomètres de la mer. C'est la seule solution pour Carthage de garder sa liberté, mais c'est un arrêt de mort : elle perdrait son identité sacrée, spirituelle, de vocation, et sa force commerçante, maritime. Une révolte éclate à l'intérieur de Carthage, impulsive, furieuse. La délégation qui revient d'Utique se fait massacrer, de même que les marchands romains et italiens. La ville s'enferme derrière ses portes et le reste des sénateurs déclare la guerre à Rome. La population fait un effort désespéré d'organisation. La défense de l'extérieur de la ville est confiée à Asdrubal, et la défense intérieure à un autre général. On fabrique de nouvelles armes à la main ; on dit que tous les citoyens apportent leurs objets métalliques, et les femmes, jusqu'à leurs cheveux.
Ainsi débute le siège de Carthage.


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Message par Lucy Austen Mer 29 Mar - 18:27

b. Un si long siège... et la chute.

Les remparts prouvent leur efficacité. Le territoire est entre très défendu et plus ou moins défendu dans les zones escarpées. (On a la trace du mur triple, mais peu du mur simple.) Manilius s'attaque plusieurs fois au mur triple, sans réussir. Censorinius s'attaque au mur simple. Il s'installe ensuite là où se trouve justement le point faible de Carthage.
A l'extérieur, Asdrbual essaye de couper les communications entre les assiégeants et leurs soutiens. Double stratégie qui explique la longévité du siège.
-147 : tournant. De nouveaux consuls font leur apparition, en particulier Scipion Emilien (-185 ; -129). Il vient de la famille qui s'est illustrée déjà et est doté d'une réputation de militaire performant. Il arrive au pouvoir de manière surprenante, et on lui confie l'Afrique. Il vient accompagné de Polybe.
Rome tente d'attaquer Carthage par le rivage en -147. Scipion arrive et sauve le général Mancinus au dernier moment. Il tente ensuite de prendre Carthage par ses faubourgs, par Mégara, zone peu densément peuplée. Les troupes de Scipion réussissent une fois à attaquer Mégara. Carthage est touchée, le danger est entré dans les murs, même s'il en est ressorti. Asdrubal réintègre l'intérieur de la ville : Carthage n'a plus d'appui extérieur. Scipion peut couper hermétiquement la ville de son arrière-pays. Digue construite qui coupe l'accès au port de Carthage. Plusieurs tentatives de desserrer l'étau de Scipion, qui échouent. Le quadrilatère de Falbe devient un camp romain. 4 000 hommes deviennent la tête de pont de la pression sur Carthage.
La chute arrive en -146. L'assaut a lieu en mars ou en avril, à partir du quadrilatère de Falbe. Scipion attaque la ville Basse, puis installe ses troupes sur l'agora pour la nuit. Il remonte par les rues jusqu'à la colline de Byrsa. La résistance se fait maison par maison, dans le quartier d'Annibal. Appien raconte une bataille extrêmement violente, qui dure six jours et six nuits. Des nettoyeurs de rues amoncèlent les cadavres dans les fosses. 50 000 puniques, dit-on, se rendent à Rome, et y sont réduits en esclavage. Les derniers résistants, dont Asdrubal, s'amassent dans le temple d'Eshmoûn, puis il se rend à son tour à Scipion, au dernier moment. Sa femme se jette dans le feu avec ses enfants (bûcher allumé pour ralentir les troupes romaines). D'autres résistants s'y jettent. Feu de sacrifice collectif, d'holocauste.
Le reste de la ville est incendié, pendant dix jours. Le reste est rasé et le reste du périmètre est déclaré maudit. Rome triomphe, après trois guerres. Défaite finale et ultime de Carthage. Rome garde le territoire punique pour elle, et s'impose comme l'héritière de Carthage. Tête de pont en Afrique, verrou méditerranéen. Elle contrôle les rois numides, et à partir de -146, Rome organise sa domination.

Etablissement d'une limite bornée : ce qui appartient à Rome est séparé de ce qui appartient aux Numides par la fossa regia. Le tracé n'en est pas bien connu, mais il va de Thabraca au nord-ouest à Thaenae au sud-est. Du côté romain : ager publicus, propriété du peuple romain. Le gouverneur réside à Utique, puisque le périmètre de Carthage est maudit. Ce territoire devient l'Africa vetus.


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Message par Lucy Austen Mer 29 Mar - 18:34

2. La conquête romaine : Ier siècle avant JC
a. Une faim de terre résolue ?

Rome réalise une partie de son destin impérialiste. Pourtant, les effets économiques sur Rome de la prise de Carthage sont paradoxalement négatifs. L'afflux de blé des nouvelles provinces provoque l'effondrement du cours du blé. Les propriétaires agriculteurs romains sont frappés dans leurs revenus. Or ils ont également été victimes des guerres puniques. Le territoire est déstructuré, d'autant plus qu'il devient difficile de contrôler les esclaves, au nord de l'Italie. Ferments de danger social. Les petits paysans propriétaires s'endettent, vendent leurs terres, s'exilent vers Rome.
Les terres de Carthage sont récupérées par l'élite romaine. Elite foncière qui invente la latifundia (= grande propriété foncière exploitée de manière extensive pour produire des cultures spéculatives). La conquête a permis de servir les intérêts de certaines grandes familles. Spectaculaire dans le sud de l'Italie. Tiberius et Caius Gracchus sont à l'origine de tentatives de réformes. Tiberius propose de limiter les grandes propriétés à une certaine taille et de redistribuer le reste aux petits propriétaires en -134. Assassiné en -133. Caius veut fonder à Carthage, en dehors du périmètre maudit, une colonie pour que les petits propriétaires puissent subvenir à leurs besoins entre -124 et -123. Il est accusé d'avoir empiété sur le territoire maudit et assassiné en -121.


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Message par Lucy Austen Mer 29 Mar - 18:39

b. Les relations avec les Numides.

Massinissa est mort en -148. Son successeur est Micipsa, jusqu'en -118. Il ouvre son royaume aux commerçants romains (il reprend la puissance commerciale de Carthage). A la mort de Micipsa, le royaume est confronté à une crise de succession : Adherbal, Hiempsal, Jugurtha, c'est-à-dire ses deux fils et son neveu. Jugurtha refuse le partage prévu. Il a le soutien de Rome, notamment de Scipion Emilien avec qui il a fait la guerre en Espagne. Jugurtha tue Hiempsal et partage le territoire avec seulement Adherbal. Il prend l'occident, plus grande part, et tue ensuite Adherbal en -113. Met la main sur l'ensemble du royaume punique. Rome voit s'imposer en Numidie un nouvel ennemi potentiel. -> Nouvelle guerre entre -112 et -105. Rome est mise en difficulté jusqu'à l'arrivée du consul Metellus en -107. Jugurtha est capturé en -105 : fin de la guerre. Rome laisse la Numidie théoriquement indépendante mais organise un protectorat. Partie occidental : Bocchus, roi de Mauritanie. Le reste est confié à Gauda, demi-frère de Jugurtha. Plus une menace pour Rome.


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Message par Lucy Austen Mer 29 Mar - 18:41

Conclusion.

Sous César : la partie orientale est annexée au territoire romain. A l'Africus vetus s'ajoute l'Africa nova en -46. L'ensemble devient, sous l'Empire, la province d'Afrique, en -27. La Mauritanie de Bocchus devient aussi une province romaine en 40. Le tout est perdu par les Romains en faveur des Vandales au Vème siècle.
-44 : César avait le projet d'établir une colonie dans le périmètre maudit mais est assassiné. Les magistrats qui lui succèdent réalisent ce projet à l'extérieur du territoire ; c'est Octave qui le réalise pleinement en -29, avec une cadastration, la colline de Byrsa au centre.

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