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Chapitre 1 : l'Europe et la religion au XVIème siècle.

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Chapitre 1 : l'Europe et la religion au XVIème siècle. Empty Chapitre 1 : l'Europe et la religion au XVIème siècle.

Message par Lucy Austen Dim 23 Avr - 10:21

Contexte politique et religieux dans la première moitié du XVIème siècle, à un moment où l'Europe se projette sur le monde.
Bouleversements de l'Église chrétienne liés à plusieurs constats de faiblesses accumulés, et qui amèneront à la Réforme. Bouleversements liés à la transformation de la société, à la montée de la bourgeoisie. Les sociétés chrétiennes ont un "appétit de divin", une volonté d'aller au-delà des moyens qui leur sont accordés dans leurs pratiques religieuses. C'est un terreau fertile auquel Luther met le feu.
Morcellement de l'Europe en 50 ans, soit un temps très court. Liens entre l'Église et le contexte politique. L'Église catholique va devoir, placée devant ses contradictions et ses faiblesses, se réformer et se reformer. Il n'y a pas que les protestants qui veulent corriger ces faiblesses, ces insuffisances.
Qu'est-ce qui explique la naissance de ce mouvement ?


I- L'Europe politique au XVIème siècle
1. Les grandes monarchies occidentales
a. France et Angleterre.
b. Péninsule ibérique.
2. L'espace germanique et ses périphéries
a. Saint Empire romain germanique.
b. Les périphéries : Italie, Suisse et Pays-Bas.
3. L'autre Europe
a. L'Europe du nord.
b. L'Europe orientale et centrale.

II- L'Église catholique après la crise de la fin du Moyen Âge
1. Le pouvoir pontifical, entre contestation et affirmation
a. Les séquelles du Grand Schisme d'Occident.
b. Fastes et puissance à Rome.
2. La crise de la pensée théologique et évolution des pratiques
a. Crise du thomisme et les premières hérésies.
b. Attente spirituelle du peuple chrétien.
3. L'esprit humaniste à l'heure de la Réforme
a. Le courant humaniste.
b. La révolution de l'imprimerie.

III- L'Europe et les trois monothéismes
1. Les Juifs, entre persécution et tolérance
a. La diversité du monde juif.
b. Les persécutions.
2. Chrétienté et Islam : guerre ou paix ?
a. L'avancée de l'Islam.
b. Les formes de coopération et d'échanges.
3. La confrontation religieuse en Europe
a. Foi et politique.
b. La Réforme au XVIème siècle : une nouvelle minorité religieuse en Europe ?

Lucy Austen

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Chapitre 1 : l'Europe et la religion au XVIème siècle. Empty Re: Chapitre 1 : l'Europe et la religion au XVIème siècle.

Message par Lucy Austen Dim 23 Avr - 10:35

I- L'Europe politique au XVIème siècle
1. Les grandes monarchies occidentales
a. France et Angleterre.

Le royaume de France sort tout juste de la période éprouvante de la guerre de Cent ans (1337-1453), après quoi il entre dans une phase de consolidation de son territoire, d'expansion. Il acquiert une solidité, une culture, une identité nationale. C'est un royaume très structuré, administrativement organisé avec une centralisation à Paris, très peuplé aussi, avec 16 millions d'habitants au XVIème siècle, contre 2,5 millions pour l'Angleterre.
La France est la fille aînée de l'Église, mais elle dispose malgré tout d'une autonomie par rapport au Pape. Le Concordat de Bologne de 1516 lui accorde une autonomie dans le choix des évêques.

Les îles britanniques ont bien sûr traversé la Guerre de Cent ans elles aussi, mais encore une guerre civile (1455-1485), la guerre des deux Roses. Mais la monarchie se reconstruit, s'affirme notamment grâce aux Tudor, au pouvoir jusqu'en 1603. Ces personnages incarnent le pouvoir anglais. L'Irlande et l'Écosse, relativement autonomes, sont de plus en plus intégrées. L'Irlande l'est complètement en 1541 : Henri VIII est roi d'Angleterre et d'Irlande. L'Angleterre et l'Écosse unissent leur couronne en 1603, restant deux États distincts mais gouvernés par la même personne. C'est la phase de constitution du Royaume-Uni, qui aboutira en 1801.


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Message par Lucy Austen Dim 23 Avr - 10:39

b. La péninsule ibérique.

Peuplée de 7,5 millions d'habitants, elle est composée de plusieurs royaumes : la Navarre, la Castille, le Portugal et de l'Aragon, lui-même composé des Baléares, de la Sardaigne, de Naples et de la Sicile. Les principaux sont l'Aragon et la Castille. "Être roi des deux-Siciles", c'est être roi de Sicile et du royaume de Naples.

Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille se marient en 1469. Ils ajoutent à leur territoire le royaume de Grenade en 1492, un morceau de la Navarre en 1512, sans compter les territoires outre-mer, leur empire américain, qui leur permettent une puissance politique et territoriale. L'Espagne n'est toutefois un État unitaire qu'à partir du XVIIIème siècle.
Unification religieuse. Expulsion des Juifs en 1492. L'Espagne se veut une identité chrétienne particulière, avec la Reconquista. Elle est un mélange d'anciens chrétiens et de nouveaux chrétiens, c'est-à-dire de musulmans et de juifs convertis de force. Autonomie : patronage royal.

Le Portugal est grande puissance européenne et outre-mer, notamment avec le Brésil, avant de tomber aux mains de l'Espagne. La dynastie des Aviz est au pouvoir entre 1384 et 1580.


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Message par Lucy Austen Dim 23 Avr - 10:48

2. L'espace germanique et ses périphéries
a. Saint-Empire romain germanique.

Le Saint-Empire romain germanique est une structure destinée à rappeler l'Empire romain, créée en 962, mais son universalité ne sera jamais effective et elle sera dissoute par Napoléon Ier, en 1806.
La situation au XVIème siècle. Depuis 1356, l'empereur n'est plus choisi par le pape mais élu par sept grands électeurs. Trois sont ecclésiastiques (archevêques de Mayence, de Cologne et de Trèves), quatre sont laïcs (roi de Bohême, duc de Saxe, comte palatin du Rhin, margrave de Brandebourg). L'empereur est donc toujours en lien avec la religion catholique.
L'Empire est l'équivalent d'une fédération. L'organisation la plus importante en est une assemblée, la Diète, qui prend les décisions concernant l'ensemble du territoire impérial. Celui-ci est depuis 1438 aux mains des Habsbourg, originaires d'Autriche. (Gravure : l'arc de triomphe de Maximilien.) Les empereurs ont un prestige important, sur lequel tient leur pouvoir. Les mariages avec d'autres alliés importants rassemblent les territoires en leurs mains, et toutes ces possessions, tout ce patrimoine converge en 1519 vers Charles Quint, issu des Habsbourg. Il est l'héritier naturel, mais le titre est également convoité par François Ier. Il se fait élire en soudoyant les grands électeurs (avec 2 tonnes d'or qu'il tient des Fugger, famille de marchands et de banquiers) encore plus que François Ier (1,5 tonnes d'or). Ce dernier n'aura de cesse d'empêcher Charles Quint d'aller en Italie pour se faire couronner par le Pape. Plus jamais un empereur n'arrivera à réunir autant de territoires : lorsqu'il abdique, en 1555, il divise le royaume entre son fils et son frère.


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Lucy Austen

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Chapitre 1 : l'Europe et la religion au XVIème siècle. Empty Re: Chapitre 1 : l'Europe et la religion au XVIème siècle.

Message par Lucy Austen Dim 23 Avr - 10:53

b. Périphéries : Italie, Suisse, Pays-Bas.

L'Italie est une péninsule divisée entre plusieurs États : les États du nord (le duché de Milan, la République de Venise, Gênes...), du centre (duché de Toscane, États de l'Église divisés en seigneuries, cruciaux pour le pape mais ferments d'une rivalité à son égard) et du sud, qui appartiennent à l'Aragon c'est-à-dire à Charles Quint. La péninsule est donc une collection d'intérêts et de possibilités d'alliances.

La Suisse est composée de cantons, qui équivalent à des comtés, à des sous-divisions. Progressivement sortis de l'Empire romain germanique, ils sont officiellement indépendants en 1648 et constituent à 13 une fédération dans laquelle chacun est plutôt autonome, notamment dans sa pratique religieuse. Ils sont une source de mercenaires pour les autres États, mais depuis leur défaite écrasante à Marignan, auprès du duché de Milan et contre François Ier, ils se tiennent en retrait par rapport aux affaires européennes, restent neutres.

Les Pays-Bas, à l'époque Provinces-Unies, se sont détachés de l'empire germanique et constituent une grande puissance économique et maritime. Elle concentre 3 millions d'habitants sur un territoire réduit, divisé en 17 provinces.


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Lucy Austen

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Chapitre 1 : l'Europe et la religion au XVIème siècle. Empty Re: Chapitre 1 : l'Europe et la religion au XVIème siècle.

Message par Lucy Austen Dim 23 Avr - 10:56

3. L'autre Europe
a. L'Europe du Nord

La Norvège, la Suède et le Danemark ont longtemps étés unis sous une seule couronne, l'Union de Kalmar. Sa rupture en 1523 génère une partition entre d'un côté le Danemark et la Norvège (et ce jusqu'au XIXème siècle) et de l'autre la Suède.
Roi issu de la dynastie des Vasa. La Scandinavie est riche grâce au commerce sur la mer Baltique, c'est un espace qui se distingue culturellement, politiquement et économiquement.


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Chapitre 1 : l'Europe et la religion au XVIème siècle. Empty Re: Chapitre 1 : l'Europe et la religion au XVIème siècle.

Message par Lucy Austen Dim 23 Avr - 11:03

b. L'Europe orientale et centrale.

La Pologne, la Hongrie, la Bohême (République Tchèque aujourd'hui), la Moldavie. Les Jagellon, dynastie rivale des Habsbourg, occupent le trône de plusieurs de ces royaumes. Ils ne représentent pas de menace politique, mais une concurrence en termes d'empreinte territoriale, et ce jusqu'à la bataille de Mohacs (Hongrie) en 1526. Le roi de Hongrie y est battu par l'Empire ottoman à plates coutures, laissant le trône sans héritier.
S'attacher à la question religieuse en termes d'identité nationale ne signifie pas faire preuve d'intolérance religieuse.

L'Europe russe. La principauté de Moscou est de plus en plus capable de fédérer. Ses ducs ont des prétentions impériales et veulent se présenter en héritiers de l'empire byzantin, l'empire d'orient. C'est la chrétienté orthodoxe qui est représentative de l'identité russe.

L'Empire ottoman est une grande puissance d'Europe et du monde, et s'affirme sur la mer Méditerranée. Son apogée est représentée par Soliman le Magnifique, de 1520 à 1566. Il gère les disparités religieuse par un système de tolérance tarifée.



Conclusion : le continent européen est en situation de transition politique. Son territoire est en mutation, il est dominé par certains princes : France, Angleterre, Saint-Empire romain germanique... La religion est essentielle pour ces États, et la création d'une nouvelle religion amène à un désordre. Modifications, volontés d'éradication.
La Réforme s'inscrit dans une période difficile, marquée par les mauvaises récoltes et les épidémies. La mortalité et la pauvreté expliquent les révoltes, qui sont d'ordre religieux mais aussi social et économique.


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Lucy Austen

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Chapitre 1 : l'Europe et la religion au XVIème siècle. Empty Re: Chapitre 1 : l'Europe et la religion au XVIème siècle.

Message par Lucy Austen Lun 24 Avr - 19:40

II- L'Église catholique après la crise de la fin du Moyen-âge

On assiste à une crise majeure, qui remet en question la légitimité du pape et la légitimité de la hiérarchie ecclésiastique, donc également des préceptes enseignés par les prêtres.

1. Le pouvoir pontifical, entre contestation et affirmation
a. Les séquelles du Grand Schisme d'Occident.

L'Église a révélé ses divisions lors du Grand Schisme (= grand schisme d'occident), entre 1378 et 1417, une période de division de la papauté, avec un pape à Rome et un pape à Avignon.
1309 : les papes de Rome se déplacent à Avignon de manière temporaire, parce que Rome n'est plus sûre. Cette insécurité dure jusqu'à la deuxième moitié du XIVème siècle.
1377 : le pape quitte Avignon et retourne à Rome. Ce qui était une solution pour préserver le pouvoir du pape devient une guerre de clans. La mort du pape nécessite une élection, qui est double : un pape pro-français (Clément VII) et un pro-italien (Urbain VI). La situation met du temps à se résoudre.
1414-1417 : Concile de Constance, qui a pour mission de mettre fin à ce schisme pontifical. Assemblée d'évêques, de cardinaux. Les deux papes sont écartés du pouvoir et le concile permet la nomination d'un nouveau pape qui va pouvoir réunir l'ensemble de la chrétienté.

Le Grand Schisme porte atteinte à l'image du pape. Puisqu'il y en a eu deux, où est sa légitimité ? De plus, à partir de là, les conciles a tendance à vouloir soumettre le pape, à empiéter sur son pouvoir, à lui imposer ses idées, ses principes (= conciliarisme).
C'est pour ça que les papes tardent beaucoup à réunir l'ensemble de la hiérarchie ecclésiastique en réaction à la crise luthérienne.

L'image du pape est brisée. La papauté n'est plus vue comme si extraordinaire ; qu'il y ait des imperfections au sommet prouve qu'il peut y avoir des imperfections à d'autres niveaux. Les accusations sur la morale des prêtres reprennent, et ouvrent des débats sur la discipline ecclésiastique : même sur le trône de Saint-Pierre, on voit des figures qui ne respectent pas les obligations de chasteté.

Alexandre VI Borgia, fin XVè début XVIè.
- Luxure : il a six enfants attribués dont César Borgia et Lucrèce Borgia, et au moins deux maîtresses soit Vannozza Cattanei et Giulia Farnèse.
- Népotisme : César devient évêque de Pampelune à 15 ans, puis cardinal, puis défroque et devient soldat.
- Désacralisation : Lucrèce est la contradiction même du mariage unique et éternel, ayant été trois fois mariée.
Il est bien une représentation accentuée du relâchement des meurs, qui réclame une critique de la part des clercs et des fidèles.

Les limites entre le profane et le sacré se brouillent, on voit des prêtres tenir des débits de boissons. Certains prêtres, à leur niveau, s'opposent à ce relâchement : évêques scrupuleux, ou personnes du clergé régulier, comme Jérôme Savonarole (1452-1498), qui n'ont pas le pouvoir mais ont le charisme. Jérôme appartient à l'ordre des dominicains.

Parenthèse : OP et OFM apparaissent au XIIIème siècle. Ils correspondent à une règle de vie qui n'est ni tout à fait dans le siècle, ni tout à fait à l'écart de lui. Les frères dominicains et franciscains résident dans la ville, ils accèdent à l'espace public et doivent prêcher. Ils s'adaptent à la population.
- OP : ordre des prêcheurs ou des frères prêcheurs (ordo fratrum prædicatorum), soit ordre dominicain. Créé par Dominique de Guzman en 1215. Formation hyper élitiste.
- OFM : ordre des frères mineurs (ordo fratrum minorum), soit ordre franciscain. Créé par François d'Assise en 1210. Idéal de pauvreté très poussé, revendiqué jusqu'à la pauvreté en terme de savoir intellectuel.

Savonarole, donc, est un grand prédicateur. Il est responsable d'un très grand couvent : San Marco, à Florence, où il se distingue par la perfection de sa conduite. Ses discours se politisent de plus en plus. Il accuse Alexandre VI d'être dépravé, remet en question la famille Médicis, annonce des catastrophes pour la ville de Florence. Il veut faire de ceux qui l'écoutent un peuple élu, un peuple parfaitement dans l'Évangile. Il organise par exemple des bûchers des vanités à Carnaval. Il est excommunié par le pape, et comme ses partisans ne le lâchent pas, toute Florence est menacée de l'interdit. Il meurt, pendu puis brûlé, en 1498. On voit ici à quel point la demande de réforme est politique.

Ce que veut Luther, d'autres l'ont déjà demandé avant. Il a plus de chance parce qu'il est plus souple mais aussi parce que le contexte lui est plus favorable.


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Lucy Austen

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Message par Lucy Austen Lun 24 Avr - 20:27

b. Fastes et puissance à Rome.

Le pape est l'évêque de Rome, l'héritier de Saint-Pierre, il dispose d'un très grand pouvoir spirituel sur toute la chrétienté occidentale. C'est un "prince", il compose avec les rois d'Europe, établit avec eux des relations particulières. Concordat : ce qui définit les relations entre un souverain et un pape. Le concordat de Bologne, par exemple, accorde au roi de France une influence sur son Église, une autonomie. Pouvoir temporel extrêmement ambitieux. Le traité de Tordesillas (1594) établissant une ligne qui sépare en deux les territoires à découvrir est précédé par la bulle papale : le pape est au-dessus de tous les monarques, il est facteur d'ordre. C'est aussi lui qui décide des croisades.
-> Cela montre l'ambition du pouvoir pontifical dans les relations internationales.

Pouvoir économique important. Le pape fait partie des plus riches d'Europe (très loin derrière la France et l'Angleterre tout de même). Cette richesse matérielle permet le financement de travaux artistiques, de monuments, notamment le palais du Vatican, son lieu de résidence. Depuis la fin du Grand Schisme pontifical, il est lieu de chantiers, d'améliorations, en particulier la chapelle Sixtine, d'où partait la fumée noire ou blanche, pièce fondamentale pour l'image de la papauté. Ils s'agit d'un des grands chantiers d'Alexandre VI et d'un terrain d'activité de Michel-Ange, célèbre notamment pour la scène de la Création du monde. Le chantier démarre en 1508 et la fresque est achevée en 1512. Vingt ans plus tard, en 1533, c'est la fresque du Jugement dernier qui est commandée à Michel-Ange, dans le plus grand secret encore. Après cinq ans de travail, elle est inaugurée en 1541. 70 m², 124 (??) personnages peints. On y voit une référence à Charon et à la traversée du Styx ou encore le détail célèbre de la peau de l'écorché. La nudité des personnages cause un choc : (??) est chargé après la mort de Michel-Ange (?) de les rhabiller. La représentation du Christ (jeune, sans barbe, musculeux) pose également problème.
La Création du monde (-> Ancien Testament) et le Jugement dernier (-> Nouveau Testament).
La ville de Rome elle-même est voulue comme un écrin de la chrétienté. Basilique Saint-Pierre, commencée en 1506 et achevée en 1626, est la plus grande église. Elle a nécessité 120 ans de travaux, financés par les Indulgences, les publicités, les placements de produit, les banques Fugger, les diocèses dans le monde entier. Elle traduit la puissance du pape, la puissance catholique.

Le besoin de réforme est perçu par d'autre gens que Luther, par les catholiques, par le pape lui-même. Mais les interprétations différentes : certains veulent rétablir la discipline, d'autres veulent rétablir, affirmer la puissance pontificale, d'autres encore tout changer.


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Lucy Austen

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Chapitre 1 : l'Europe et la religion au XVIème siècle. Empty Re: Chapitre 1 : l'Europe et la religion au XVIème siècle.

Message par Lucy Austen Lun 24 Avr - 20:55

2. La crise de la pensée théologique et l'évolution des pratiques
a. Crise du thomisme et premières hérésies.

La théologie est la science universitaire par excellence au Moyen-âge. A l'époque, l'université est le monde du savoir clérical. Les étudiants de la Sorbonne ont un statut de clerc. La théologie est donc un couronnement intellectuel. On étudie les arts pendant la première partie du cursus, avant de se tourner vers des universités spécialisées : de médecine, de droit civil, de droit canon (= de l'église), de théologie. La théologie n'est proposée que par de très grandes universités.

On y étudie à travers la méthode de la scolastique : analyse à partir de principes contraignants qui permettent de comprendre un texte en profondeur.
1. Lectio. Commentaire. De manière littérale, allégorique, spirituelle, morale, dans une perspective de compréhension totale. Les étudiants acquièrent une connaissance très précise de la Bible.
2. Quaestio. Le maître propose un sujet sur lequel ils vont devoir argumenter, à partir de leur connaissance des textes.
C'est une façon d'appréhender des textes sacrés de manière très rationnelle, théorisée, fixée pour des siècles, par Saint Thomas d'Aquin (1225-1274, règne de Saint-Louis). Il est un des premiers [color=#c9c9c9]dominicains, professeur de théologie dans l'université de Naples et celle de Paris, une des plus grandes d'occident. Il a écrit la Somme de théologie, qui applique la scolastique aux Écritures, entre 1266 et 1274. C'est un manuel de théologie à l'usage des étudiants. Il veut définir Dieu, appliquer la raison à la foi, la philosophie d'Aristote à la pensée théologique, trouver Dieu à l'aide de la raison. C'est un angle d'attaque pour les protestants : l'accès à Dieu doit-il être conditionné par la raison ? Ne doit-il pas être ouvert au plus grand nombre, ne peuvent-ils pas accéder à Dieu par la simple foi ? La hiérarchie dérange : les protestants n'ont pas besoin de ce carcan clérical.
thomisme = la foi et la raison peuvent trouver un équilibre. La théologie est une science. Il s'agit du socle intellectuel de l'Église.

La Dispute du Saint-Sacrement, Raphaël. Elle présente la dispute comme joute oratoire. C'est une démonstration de l'orthodoxie catholique. Deux registres, divin et terrestre. Saint-Sacrement (eucharistie) sur l'autel. Symboles de l'Église réunis. Saint Pierre et en face Saint Paul rappellent les temps évangéliques, d'où vient l'Église parfaite, non corrompue. On voit Moïse, Adam, Etienne (le proto martyr), Abraham (père du monothéisme). Dans le registre terrestre, est représenté ce que l'Église a de plus prestigieux : les docteurs de l'Église ou pères de l'Église, points de repère pour la pensée chrétienne, qui se sont illustrés dans les Iers siècles du christianisme, Saint Jérôme, Saint Augustin, Saint Grégoire.

Ce cadre est contesté. Luther n'est pas le premier. Savonarole fait une critique disciplinaire ; il y en a d'autres, des théologiens formés à l'ancienne qui dénoncent les limites de cet enseignement. On peut retenir quatre personnalités.
- Dun Scot (1270-1308), ordre des franciscains, originaire d'Écosse. Il enseigne dans les plus grandes universités du monde (Oxford, Paris, Bologne). Dans son enseignement, il affirme qu'une part doit être laissée à la volonté de l'Homme, et que la Révélation peut remplacer la Raison.
- Guillaume d'Ockham (1290-1350), ordre des franciscains, britannique. Il fournira son inspiration de Luther, en disant qu'on peut connaître Dieu par les sens, par l'intuition. La foi se trouve plutôt du côté de ce qu'on ne peut pas connaître.
- Maître Eckhart ([color=#c9c9c9]1260-1327), ordre des dominicains. Il approfondit ce que disait le précédent. On peut rencontrer Dieu par la mystique. Condamné par l'archevêque de la ville où il exerce, puis par le pape.
- Jan van Ruysbroeck ([color=#c9c9c9]1293-1381), aux Pays-Bas, considéré comme un disciple du premier. Encourage le béguinage : communautés qui ne sont pas composées de moines ni de moniales, vivant dans le dénuement, cherchant à atteindre la mystique par la prière. Ces pratiques réprimées au XIVème, puis tolérées, puis à nouveau réprimées. S'agit-il d'un mouvement contestataire, dangereux pour l'Église (désobéissance) ou simplement différent (innovation qui ne remet pas en cause l'autorité de l'Église) ? Là réside la mince frontière avec l'hérésie. ex : cathares / franciscains. François d'Assise va voir le pape et son projet est validé par lui, alors que les Cathares rejettent son autorité. Il faut aussi respecter la chaîne hiérarchique.

De plus, deux hérésies ont vu le jour avant Luther : celle de John Wycliff et celle de Jan Hus. Ils sont des préfigurateurs de la Réforme.
- John Wycliff (1331-1384), spécialiste de droit canon, docteur en théologie (deux cursus donc), enseignant à Oxford. Seul. Dieu, pour lui, doit être le maître de la pensée de l'Homme. Le pouvoir pontifical est donc excessif. Le plus important est d'accéder à Dieu par la raison ou par la foi. Il critique également les dépenses somptuaires. Sa désobéissance est punie par son expulsion de l'université d'Oxford dès 1381. Il est envoyé dans une petite paroisse, et continue son chemin, traduit la Bible en anglais. Il n'est que peu rappelé à l'ordre parce que son impact sur la chrétienté est contenu : Wycliff bénéficie d'une sorte de protection politique.
- Jan Hus (ou Jean Hus, 1369-1415). Théologien, à la tête de l'université de Prague. Il développe le thème de la pauvreté de l'Église, veut un retour aux temps apostoliques (= évangéliques). Il fait des sermons contre les Indulgences et finit excommunié par le pape, arrêté, condamné à mort et brûlé vif en 1415. Il devient un martyr, un équivalent de Jeanne d'Arc, pour la Bohême dont il est issu, mais aussi une source d'inspiration pour Luther : ses idées se poursuivent après lui. Au-delà d'un individu, ses idées sont véhiculées par d'autres. L'Église de Bohême obtient des concessions de la part du Pape.
De même, le protestantisme veut revendiquer l'originalité d'un territoire. L'Église de Bohême s'y fondra.


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Lucy Austen

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Chapitre 1 : l'Europe et la religion au XVIème siècle. Empty Re: Chapitre 1 : l'Europe et la religion au XVIème siècle.

Message par Lucy Austen Mar 25 Avr - 19:05

b. Attente spirituelle du peuple chrétien.

L’Apocalypse, Dürer, Les cavaliers (1497-1498)

Le laïc de base est chrétien depuis sa naissance. Il a toujours en tête la perspective du Salut, l'idée que toutes ses actions peuvent avoir de répercussions. Quoiqu'il y ait des hérésies à l'époque, il n'y a pas de place pour une pensée non-croyante, qui ne réfléchisse pas sur la base de ce principe. D'après la Bible, à la fin des temps, il y aura une lutte finale (les armées de Dieu contre l'antéchrist) et un retour du Christ : les chrétiens subissent une angoisse, une panique collectives vis-à-vis de ce qu'il doit advenir de leur âme, vis-à-vis du Jugement Dernier. Tout le monde est égal devant ce risque (jeunes, vieux, riches, pauvres, comme on le voit sur la gravure), tout le monde est égal devant les calamités (Guerre, Famine, Epidémie, Conquête), les périls atteignent toutes les classes sociales. Il faut toujours être prêt à mourir. Le thème iconographique des danses macabres, dans lesquelles des cadavres viennent s'emparer des gens (ex : Hans Holbein le Jeune, 1497-1553, auteur d'une quarantaine d'entre elles) sert par exemple à rappeler l'imminence de la mort.

Face à cette panique, le croyant s'arme : pénitence, confession, eucharistie (??), système de confréries, manuels du bien mourir.

Ars moriendi : manière d'éduquer le chrétien. Au moment de l'extrême-onction, il peut arriver des tentations, le chrétien doit donc être encadré.
225 : saints martyrs. Le souffrant attend la mort de manière résignée, avec patience. Le monstre est à terre.
222 : personnages de la vie quotidienne. On voit également des petits monstres, illustrant les tentations. Impatience, table renversée, monstre grimaçant.
223 : une tentation possible. Au moment de la mort, on peut adorer autre chose, se tromper de foi, se détourner de Dieu.
221 : réponse à la 223. Mort dans la bonne foi. Le mourant regarde le cierge qu'on lui tend et pas les monstres. Un ange tient un petit personnage à côté de son visage : son âme. La mort dans la foi est espérance et douceur.
224 : une autre, la tentation d'orgueil, l'idée qu'on est plus fort que la mort. On voit le regard réprobateur du peuple de Dieu.

L'Église a la main sur le Salut. Elle a le pouvoir de lier et de délier, elle a le "pouvoir des clés". En plus de ça, elle a inventé le système des Indulgences. La "piété indulgentielle" (obtenir l'effacement de ses péchés) est de plus en plus importante depuis le Moyen-âge. La pratique se multiplie et n'est pas loin de la simonie. Les réformateurs vont vouloir gommer cette comptabilité de l'au-delà, mais il s'agit de faire perdre une source d'argent et de saper l'autorité de l'Église.
Dans cette culture panique, plus on a les moyens, mieux on peut se préparer, par exemple en commandant des messes à des confréries après sa mort, ou en collectant les reliques (Frédéric de Saxe, avec 20 000 reliques, disposait de 128 000 années d'indulgences). La préparation de la mort sépare donc les classes sociales. A d'autres niveaux, il y a cependant des trafics d'argent plus mesurés, comme acheter une image de la Vierge ou faire un don à l'Église. La culpabilité est très forte.
Certains souhaitent tisser avec la divinité un rapport plus direct, plus passionnel. On peut se distinguer par un rapport à Dieu particulièrement exceptionnel. Gerard de Groote fonde à la fin du XIVème siècle le mouvement de la devotia moderna, dévotion moderne. Des gens prient ensemble et s'adonnent à une ascèse intérieure très importante. Il s'agit d'avoir conscience de ses imperfections et prier perpétuellement pour les racheter. Le texte fondateur en est celui de Thomas a Kempis (1380-1471), L'Imitation de Jésus-Christ, publié en 1424, deuxième livre le plus lu dans le monde chrétien. La population a un appétit de divin.

Tout le monde a conscience des abus de l'Église. Le besoin de renouveler fait consensus, mais les gens ne sont pas d'accord sur la façon de changer les choses, sur le contenu de la Renovatio.


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Message par Lucy Austen Mar 25 Avr - 19:28

3. L’esprit humaniste à l’heure de la Réforme
a. Le courant humaniste.

"L’Homme est la mesure de toute chose", dit Protagoras dans un dialogue de Platon. L'humanisme diffuse une éthique de confiance en la nature de l’Homme, en ce que l’Homme peut faire. La société tendrait vers le mieux, vers le meilleur. Il porte un idéal de connaissance, mais il est plus profond qu’un courant intellectuel : il bouleverse la morale, la religion, la politique. Il affiche un très grand optimisme, qui contraste avec le pessimisme traditionnel chrétien. Il veut un retour ad fontes, aux sources. On cherche des manuscrits, on cherche des sources monumentales (d'où les débuts de l'archéologie ; on commence à collectionner les statues exhumées...). Nouveaux savoirs et transformation de savoirs anciens.

L’Italie en est le bassin. L’humanisme naît dans les élites de la noblesse, en-dehors des universités.

Grands humanistes précoces : Lorenzo Valla (1407-1457), pionnier, originaire de Florence ; Marsile Ficin (1433-1499); Pic de la Mirandole (1463-1494); Guillaume Budé (1468-1540); Thomas More (1477-1535); Antonio de Nebrija (1444-1522); John Colet (1466-1519). Ils sont tous des latinistes et hellénistes émérites, intéressés par les langues orientales (hébreu, arabe), notamment Pic de la Mirandole.

Guillaume Budé est le fondateur du Collège des Lecteurs royaux (1530), ancêtre du collège de France. Il propose des cours ouverts à tous, sur des sujets plus variés que le carcan disciplinaire de la Faculté, comme les mathématiques et l'hébreu.
Alde Manuce, savant et intellectuel, est le fondateur d’un cercle savant autour de lui à Venise : l’Académie aldine (1502).

Il s’agit d’un humanisme chrétien. Tous les humanistes sont chrétiens, mais à l’intérieur du courant, certains veulent réformer l’Église en restant dans l’Église. Les humanistes chrétiens veulent conjuguer sagesse antique et religion chrétienne, et certains basculent du côté de la Réforme. Ils vérifient les textes chrétiens, veulent retrouver les manuscrits originaux des premières traductions de la Bible et en faire une édition critique. Quand Constantinople tombe en 1453, elle perd une grande partie de ses savants. Ils arrivent en Occident avec le contenu des bibliothèques, donc de nouvelles sources. C'est une véritable diaspora intellectuelle qui vient de Byzance.

Ils cherchent l'exactitude, est proposent parfois de nouvelles traductions en latin, à partir des originaux grecs ou hébreux. C'est la Vulgate, la traduction latine de Jérôme de Stridon proposée entre 390 et 405, qui est utilisée par tous, et doit donc être vérifiée.
Ils cherchent également la diffusion. Ils vont du côté des langues vulgaires (= vernaculaires), promeuvent les langues régionales. Antonio de Nebrija, par exemple, rédige une grammaire du castillan, un dictionnaire latin-castillan. Ils creusent la discipline de la philologie, en étudiant et critiquant le langage, en étant attentifs à l’étymologie, à l’évolution de la langue, de manière très scientifique. Ils veulent retrouver la pureté du message chrétien dans un souci de mieux servir Dieu et remettent donc en cause le magister de l’Église.
Comme les autres, les humanistes chrétiens sont sensibles aux abus. Ils dénoncent l’opulence, avec une approche philosophique qui dit que l’apparence extérieure de la personne reflète sa disposition intérieur, influencée par les théories de Platon. Ils produisent un discours anti-clérical (contre les clercs qui ont une fonction pastorale), dénoncent une religion dont l’accès est confisqué par une élite.

Exemples.
• John Colet, humaniste anglais, théologien d’Oxford, applique les méthodes de vérification des textes à son enseignement.
• Jacques Lefèvre d’Étapes, Français originaire du Val de Loire, produit un commentaire des Épîtres de Saint-Paul et des Évangiles, et traduit la Bible latine en français avec plusieurs manuscrits. Il publie en 1524 une traduction du Nouveau Testament.
Ils veulent un retour au christianisme primitif. Pour eux, la rénovation peut se faire en interne.
• Le cénacle de Meaux. Particulièrement célèbre entre 1521 et 1525. Il s'agit d'un groupe de savants, qui équivaut à l’Académie aldine, dirigé par Guillaume Briçonnet (1472-1534), évêque de Meaux, confesseur d’Anne de Bretagne, qui fut aussi archevêque de Reims. Le cénacle est soutenu par Marguerite de Navarre, sœur de François Ier. Il est constitué de pointures intellectuelles, dont Jacques Lefèvre d’Étaples (1450-1537) et Guillaume Farel (1489-1565), qui bascule du côté de la Réforme.
• Erasme (1467-1536), surnommé "prince des humanistes", a fait de grands voyages dans toute l’Europe. Il est un globe-trotter de l’humanisme. Originaire de Rotterdam, issu d'un prêtre et de la femme d'un médecin. Il se décrit comme un enfant malingre. Élevé à Bois-Le-Duc, dans des écoles particulières : Fraternités de la vie commune, avec la forme très exigeante et austère de la devotio moderna, qui entretiennent un rapport au Christ dans la foi vécue et souffrante. Il commence une carrière ecclésiastique, devient prêtre en 1492 et travaille dans le diocèse de Cambrai. Il va ensuite à Paris faire une formation en théologie, au collège Montaigu, une structure d’accueil équivalente de l’internat, mais n’en supporte pas les conditions. Il arrive, grâce à un ami riche (??), à partir à Oxford. Il y rencontre des humanistes, la cour anglaise. Il publie des textes : des Adages, le Manuel du soldat chrétien (1503), où il critique de la religion de son temps, appelle à vivre la foi selon les préceptes de la devotio moderna. En 1504, il commence à travailler sur le Nouveau Testament. Il en traduit en latin un manuscrit grec très ancien, dont il fait cadeau au Pape lorsqu'il l'achève, en 1516. Érasme s'impose comme une référence dans la connaissance biblique. Ce n’est pas une recherche gratuite qu'il accomplit, mais une démarche de purification de l’écriture. Au terme de sa vie, il consacre beaucoup d’énergie à la promotion des langues qu’il considère comme sacrées (latin, grec, hébreu) et fonde le Collège trilingue. Il reste toujours dans l’Église : le pape lui propose même de devenir cardinal, et même s'il refuse cette distinction, il ne rompt jamais avec Rome, malgré les sollicitations de Luther.


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Message par Lucy Austen Mar 25 Avr - 19:38

b. La révolution de l'imprimerie.

Imprimerie ne sort pas de nulle part : c'est le résultat d'une multitude de petites inventions qui aboutissent au milieu du XVème siècle. C'est le cas du papier, plus fragile mais meilleur marché que le parchemin : une Bible nécessitait 300 moutons.
Il y avait déjà des moyens de diffusion : copie à la chaîne chez les clunisiens, xylographie (= encrage des planches en bois gravées, efficace mais tout de même limité, à cause de l'usure, à 150 copies), qu'on garde tout de même pour le dessin. Mais l'imprimerie a une plus grande longévité et permet de réorganiser les caractères.
1450 : publication de la Bible B36 puis de la B42, le nombre correspondant aux lignes par page. La technique se diffuse partout en Europe : Allemagne, Flandre, Italie, puis France. En 1500, on trouve 270 imprimeries en Europe. Entre 1450 et 1500, il y a six millions d'incunables, avec 45% (??) de textes religieux (Somme théologique, Imitation de Jésus-Christ, Légende dorée c'est-à-dire l'histoire des Saints) et 35% (??) de littérature. Deux grandes familles d'imprimeurs : Estienne (reconnaissable à l'olivier) et Manuce (réputé pour sa mise en page de tous petits textes et pour l'invention des caractères italiques). Les imprimeries étaient des entreprises privées.
D'Étaples établit un psautier en cinq versions pour étudier les différences de traduction. C'est un exercice de philologue par excellence, qui présente le texte dans une perspective humaniste.
L'imprimerie permet une explosion du nombre d'ouvrages. Une explosion inquiétante : les textes hérétiques ne pourraient-ils pas se mêler aux textes sacrés ? Au cours du XVIème se mettent en place des organes de contrôle de la production, comme l'Index en 1557. Y sont condamnés beaucoup d'ouvrages, y compris des textes d'Érasme, considérés comme polémiques après sa mort, ou bien de Virgile. L'Index ne disparaît qu'en 1966.


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Message par Lucy Austen Mar 25 Avr - 19:42

III- L'Europe et les trois monothéismes
1. Les Juifs, entre persécution et tolérance
a. La diversité du monde juif.

Les cassures religieuses sont parfois gérées par des échanges, parfois par des rapports de force. Au XVIème siècle, la communauté juive n'est pas unique, elle est clivée entre les séfarades (ou sépharades), situés dans la péninsule ibérique puis en Italie et dans l'Empire ottoman, et les ashkénazes, en Europe centrale et orientale. Divergences en termes de pratiques alimentaires, de langues (yiddish/judéo-chrétien) entre les deux pôles et à l'intérieur des tendances : les sépharades eux-mêmes sont divisés entre Levantins et Ponantins. Géographie très minutieuse, communautés en archipels qui peuvent beaucoup diverger sur les rites.
Elles sont confrontées à des politiques de tolérance ou de persécution.


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Message par Lucy Austen Mar 25 Avr - 21:18

b. Les persécutions.

Les temps de répression sont extrêmement violents, et les phases de tolérance et de persécution s'alternent sans véritable logique continue, au gré des rois. La tolérance pour la communauté juive et l'intérêt pour la culture juive sont totalement détachés l'un de l'autre.
Les nombreux paradoxes sont présents chez Luther lui-même : il écrit, en 1543, Les Juifs et leurs mensonges, texte très violent. Il appelle la synagogue "putain incorrigible", "souillure du diable". En 1523, il écrivait pourtant "Jésus est né juif".

Au XVIème siècle, les positions, les politiques varient selon les lieux.

• Dans la péninsule ibérique, la communauté juive a déjà été amputée d'un tiers entre le XIè et le XIVè siècle, à cause de sa diaspora. Il en reste cependant 200 000 en 1492, avant le décret d'expulsion. Ils fuient vers le Portugal, avant d'en être également expulsés en 1497, vers l'Empire ottoman et l'Italie, principalement, ou se convertissent. Une nouvelle communauté émerge pour pouvoir rester en Espagne : les conversos. Cette communauté est observée. La conviction de leur conversion est toujours mise en doute, et dans une Espagne qui veille de plus en plus à la pureté de son sang, leur place dans la société est malaisée. Une partie de la communauté maintient en effet des pratiques juives dans la sphère privée (marranes, mot connoté péjorativement, ou cryptojudaïsme). Fidélité, continuité spirituelle et culturelle. On retrouve la même chose au Portugal. Dans les pratiques linguistiques, le judéo-espagnol est pour les sépharades l'équivalent du yiddish pour les ashkénazes. Il les distingue des autres, et les fait appeler "Portugais" dans des pays comme les Pays-Bas.

• Dans l'ensemble de la péninsule italienne, on dénombre 50 000 juifs. Dans la République de Venise, l'État a adopté une politique de séparation de la communauté juive et du reste de la société. Les Juifs restaient sur la terre ferme, ils n'avaient pas le droit d'habiter dans l'espace lagunaire (??). Puis ils s'y sont regroupés, pour se défendre plus facilement dans le contexte extérieur difficile. Un quartier s'ouvre pour eux, et les Juifs y ont une obligation de résidence. Le quartier est ouvert le jour et fermé la nuit ; sur l'emplacement d'une fonderie, il est appelé le ghetto. Il a contenu entre 3 000 et 4 000 personnes. Cet exemple nous montre comment une très grande ville chrétienne gère la coexistence du christianisme et du judaïsme. La politique de ghetto fait école jusqu'en 1550-1555 puis s'accélère. La population italienne augmente jusqu'au XVIIème siècle. Mais le durcissement de la politique pontificale se répercute ailleurs en Italie.

• L'espace germanique connaît plusieurs phases d'expulsion entre la fin du XVème siècle et la première moitié du XVIème, notamment entre 1520 et 1530. Les Juifs vont vers l'empire ottoman, vers la République de Venise. Ces phases interviennent après des scandales, qui font rejaillir l'éternel antisémitisme. Les phases peuvent expliquer le comportement ambigu de Luther. La communauté juive a accès aux princes pour se protéger. Josef de Rosheim, théoricien du monothéisme juif, obtient que l'ouvrage antisémite de Luther ne soit pas réédité. Les expulsions accentuent la diaspora (ils vont vers la Pologne, la Lituanie actuelles) et prouvent encore que la coexistence des deux monothéismes est difficile. Le yiddish devient emblématique de cette communauté de l'espace germanique. La tension se calme entre 1570 et 1580.


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Message par Lucy Austen Mar 25 Avr - 21:54

2. Chrétienté et Islam : guerre ou paix ?
a. L'avancée de l'Islam

Alors qu'il régresse en Espagne lors de la Reconquista espagnole, il s'avance dans l'espace européen. L'empire ottoman s'avance [color=#c9c9c9]jusqu'à Vienne, et au XVIème siècle, dans l'Europe balkanique, l'Europe centrale. L'expansion ottomane est motivée par la volonté de faire passer des populations sous sa domination, jusqu'en Serbie par exemple.
Les sultans ont un pouvoir très important, dont le cœur se trouve à Constantinople. Ils ont la même prétention qu'un empereur à l'universalité. Mehmed II Fatih le Conquérant conquiert par exemple, au XVème siècle, la Bosnie, l'Albanie et le reste de la Serbie. C'est Soliman le Magnifique, entre 1520 et 1566, qui va le plus à l'ouest et frise Vienne en 1529. Il s'illustre dans la bataille de Mohacs, en 1526, où il défait le roi de Hongrie. Il fonde sa stratégie sur le ciment liquide de la Méditerranée (Cyclades, Chypre, Crète...) au détriment de Venise. Son avancée conduit à la bataille navale de Lépante, en 1571, au large de la Grèce : c'est la plus grande bataille navale de la Renaissance. Elle oppose les 300 navires de la flotte ottomane à la Sainte Ligue Chrétienne, coalition des grands princes chrétiens pour leur faire barrage sous l'ordre du Pape, dont l'Espagne, Venise, etc (mais pas la France), commandée par don Juan d'Autriche, fils illégitime de Charles Quint. Cette bataille ressemble à un idéal de croisade, et elle s'achève par une victoire écrasante des chrétiens. Mais le fait d'armes n'est pas suivi d'une reconquête, il ne marque pas le début de la fin pour l'empire ottoman.


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Message par Lucy Austen Mar 25 Avr - 22:03

b. Les formes de coopération et d'échanges.

Le commerce et les échanges ont besoin de stabilité et de paix, d'où des accords, des traités, une coopération pragmatique. Sublime Porte = coeur du pouvoir de l'Empire ottoman.
Dans l'Empire ottoman, on a le droit de ne pas être musulman. On a le droit d'être juif ou chrétien grâce au statut de dhimmî, littéralement le statut de protégé, sous contraintes : reconnaître la supériorité de l'Islam, et payer un impôt, en échange de quoi on garantit la sécurité des biens et des personnes. La raison est que juifs et chrétiens sont monothéistes, même si ce monothéisme est imparfait. La question de la tolérance religieuse se pose cependant toujours d'après son aspect politique, et des persécutions ont parfois lieu, notamment contre les chiites.
mudejar = musulman qui est en terre chrétienne. Typiquement, en Espagne, un musulman qui reste musulman après la Reconquista. Cette communauté disparaît progressivement après 1502, par exil ou par conversion.
morisque (-> Maure) = musulman converti au christianisme, c'est-à-dire chrétien d'ascendant musulmane. Comme pour les marannes, il attise la défiance. Ils représentent 400 000 personnes en 1502, mais les persécutions sont assez nombreuses, notamment vers la fin du XVIème, jusqu'à expulsion totale en 1609.

Grands noms.
Pierre Belon du Mans (1517-1564), sorte de naturaliste qui étudie par exemple le littoral égyptien.
Theodor Buchmann Bibliander (1504-1564), qui propose une traduction du Coran en latin. Ce n'est pas la première, mais celle-ci a un but humaniste.


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Chapitre 1 : l'Europe et la religion au XVIème siècle. Empty Re: Chapitre 1 : l'Europe et la religion au XVIème siècle.

Message par Lucy Austen Mer 26 Avr - 19:06

3. La confrontation religieuse en Europe
a. Foi et politique.

La question religieuse touche au politique et au social.

• Sur une Crucifixion de Raphaël, on voit des anges recueillir le sang du Christ : cette image illustre l'importance du sang dans la religion chrétienne. C'est pourquoi l'Espagne cherche à atteindre un idéal de pureté du sang chrétien, un concept qui s'est développé à la fin du XVème siècle : la limpieza de sangre. Il ne faut à l'individu aucun ascendant juif, musulman ou hérétique, comme si l'infidélité de la foi chrétienne était congénitale, et ce sur plusieurs générations. Cette idée est étrangère à la chrétienté originelle, et suggère que le baptême n'est pas suffisant à l'entrée dans la foi, alors qu'il est censé laver les tares antérieures. La recherche de la limpieza de sangre est donc une anomalie dans la chrétienté, qu'assument les rois catholiques. Elle génère une hiérarchie sociale qui vient concurrencer et parfois supplanter la hiérarchie déjà existante. Un paysan au sang pur peut potentiellement se prétendre au-dessus d'un noble dont un parent éloigné n'est pas de sang chrétien.

• Autre exemple : l'Inquisition, comme outil de combat contre les minorités religieuses, originaire de la foi chrétienne mais instrumentalisé par les États.
C'est un outil qui a été créé par l'Église au cours du Haut Moyen-âge pour lutter contre les hérésies, une juridiction spéciale pour gérer les affaires graves. Déjà bien connue, donc, l'Inquisition (ou Saint Office) acquiert une dimension spéciale au XVIè siècle parce que récupérée, instrumentalisée par l'Espagne. Elle devient un outil d'État et plus d'Église, bel exemple de la porosité entre l'un et l'autre. Elle fait école dans certains pays étrangers.
Les Inquisiteurs forment une hiérarchie pyramidale : en haut, les Inquisiteurs généraux sont aussi des proches des rois catholiques, comme Thomas de Torquemada (1420-1498). Ceux d'en bas gèrent des districts. L'Inquisiteur qui arrive dans un district commence par promulguer un Édit de foi. Il indique ce qu'il ne faut pas faire et invite à la dénonciation (confession et délation). Après un mois de latence, il lance enquêtes, accusations puis procès. Si l'accusé avoue sa faute, il a droit à la Réconciliation : il échappe à la mort mais pas à la sanction (flagellation, emprisonnement, travaux forcés). S'il nie sa culpabilité malgré l'évidence, il meurt par crémation, de même s'il a été Réconcilié et faute à nouveau. La juridiction est très précise et prévoit tous les cas de figure. Des cérémonies d'autodafé (= acte de foi) ont parfois lieu dans les poches d'hérésies, avant les bûchers : les accusations, les sentences sont déclamées publiquement, lors des temps forts de l'année chrétienne. Mise en scène de l'unité chrétienne et de ceux qui l'ont mise en péril. On considère qu'il y a eu, entre 1540 et 1700 et en Espagne, 50 000 condamnations par l'Inquisition, dont flagellations et galères, sachant que le bûcher n'était infligé que dans 4% des cas.

Le lien entre Église et État est si inextricable que la politique prend parfois le relai du religieux. L'Église s'appuie sur le bras séculier pour tuer en son nom. La religion permet de créer l'unité du royaume, et ceux qui adoptent une autre foi adoptent un comportement "révolutionnaire".


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Chapitre 1 : l'Europe et la religion au XVIème siècle. Empty Re: Chapitre 1 : l'Europe et la religion au XVIème siècle.

Message par Lucy Austen Mer 26 Avr - 19:11

b. La Réforme au XVIè siècle : une nouvelle minorité religieuse en Europe ?

Les princes d'Europe, grands ou petits, ont des devoirs vis-à-vis de l'Église. La religion conditionne les modalités d'existence de l'État. Le pape est à la tête du monde chrétien, qu'il entend comme universel et uniforme. Il est vicaire du Christ (= il remplace le Christ).
Ainsi arrive Luther, porteur d'un nouveau message de pureté du christianisme, ou, plutôt que nouveau, qui rencontre des échos politiques. Certains princes s'en emparent pour marquer leur indépendance par rapport aux autres. La religion entre dans le débat politique. Le protestantisme est l'événement le plus important de l'Europe du XVIème siècle : cette réforme religieuse qui vient briser l'universalité du message chrétien correspond à l'affirmation des État-nations, qui s'appuient sur une identité religieuse pour défendre une identité nationale.

Réforme = retour aux sources, synonyme de renovatio. Elle veut renouveler le christianisme à la lumière de la Bible. Ce n'est pas l'innovation. Elle ne prétend pas renouveler la doctrine, la foi, quoique cela arrive bel et bien parfois, mais seulement les pratiques, la discipline. Certains sacrements sont écartés parce qu'ils ne trouvent pas d'écho dans les sources. Infinité de variations, de positions.

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